L’histoire est-elle en train de se répéter ? Dans une chronique, publiée le 25 novembre, le quotidien économique suédois Dagens Industri rappelle ce « sombre soir » de décembre 2014, quand la compagnie minière Northland, basée à Pajala, au nord de la Suède, annonçait sa faillite, la plus importante de l’histoire moderne du royaume. La création de milliers d’emplois devait pourtant redonner vie à cette région qui ne cessait de se vider de ses habitants. Mais les dettes se sont accumulées : 14 milliards de couronnes (1,2 milliard d’euros) pour finir. Du jamais-vu en Suède. L’année suivante, le taux de chômage dépassait 10 % à Pajala.
Est-ce le scénario qui attend la commune de Skelleftea, 77 300 habitants, située à près de 800 km au nord de Stockholm ? En plein essor depuis que Northvolt y a construit sa première giga-usine, inaugurée en 2021, la voilà frappée de plein fouet par la faillite du géant, qui s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, le 21 novembre. Avec elle, c’est tout le pays qui s’interroge : la « bulle verte », contre laquelle certains mettaient en garde, est-elle en train d’exploser ?
Si Northvolt espère renaître de ses cendres, la compagnie laisse, pour le moment, derrière elle, un champ de ruines. A la mi-octobre, 338 ingénieurs et employés de l’usine de Skelleftea, où travaillaient 3 800 personnes avant l’été, ont appris leur licenciement. Depuis, 880 ouvriers ont, à leur tour, été remerciés. La situation est particulièrement précaire pour les spécialistes, recrutés dans des pays tiers, et dont certains ont eu le temps de s’installer à Skelleftea : « Selon la loi, ils ont le droit de rester en Suède pendant trois mois après la fin de leur contrat, à condition que leur permis de travail soit toujours valide », explique Anja Palm, directrice des activités économiques à Skelleftea.
Cours de suédois
Ces dernières semaines, la municipalité et la région ont organisé quatre rencontres avec des employeurs. Et 6 000 personnes y ont participé. « Nous voulons les aider le plus vite possible à retrouver un emploi, de préférence à Skelleftea, ou au nord de la Suède, où leurs compétences sont recherchées », précise Mme Palm. Des cours de suédois sont proposés pour faciliter l’intégration sur le marché du travail de ces ex-Northvolt, pour qui l’anglais suffisait jusque-là.
Le maire social-démocrate de la commune, Anders Burman, a également lancé un appel au gouvernement libéral-conservateur, allié à l’extrême droite, pour obtenir une exception temporaire à la règle qui exige un revenu minimum de 28 480 couronnes suédoises pour l’embauche d’un salarié venu d’un pays tiers. Une règle, selon lui, qui complique le recrutement des licenciés de Northvolt. Mais « le gouvernement n’a rien fait » et n’a pas « l’intention de faire quoi que ce soit », constatait-il amer, dans Dagens Industri, dénonçant au passage « le manque d’intérêt » de la droite et de l’extrême droite « pour la transition écologique » et les projets industriels en cours.
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