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Amélie Oudéa-Castéra réclame l’émergence d’un « modèle français » de gestion des supporteurs, articulant sanctions fermes et prévention

by Marko Florentino
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Des fans de l’Olympique de Marseille, en amont d’un match de Ligue Europa contre Villarreal, le 7 mars 2024 à Marseille.

Face aux phénomènes de violence, dans et en dehors des stades de football français, la ministre des sports et des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra, a appelé, lundi 11 mars, à l’émergence d’un « modèle français pour un football sans violence, sans déviances ». S’exprimant en introduction d’un colloque au Sénat sur l’avenir du supportérisme, qui a rassemblé les principaux acteurs concernés par la question – Etat, clubs, fédération, ligue et supporteurs –, la ministre a insisté sur l’idée, consensuelle au sein des instances, de privilégier les sanctions individuelles, en augmentant leur nombre et leur fermeté, et sur la structuration du dialogue dans le travail d’anticipation et de prévention des éventuelles violences.

« Après une phase de vrai-faux moratoire sur les déplacements des supporteurs, nous avons voulu qu’il y ait un vrai sursaut collectif passant par la réaffirmation des rôles et des responsabilités de chacun », a expliqué la ministre, en faisant allusion aux récentes interdictions et mesures d’urgence prises après la mort, le 2 décembre 2023, d’un supporteur de Nantes en marge d’une rencontre contre Nice à la Beaujoire. Les sanctions collectives étaient jugées contre-productives et injustes par l’Association nationale des supporteurs, les clubs et la Ligue de football professionnel (LFP).

Pour clarifier les rôles et les responsabilités, Amélie Oudéa-Castéra a annoncé la signature prochaine d’une convention entre la LFP et l’Etat – par l’entremise de ses ministères de l’intérieur, de la justice et des sports. « La responsabilité se distribue géographiquement – au sein du stade, dans le périmètre de celui-ci ou à sa périphérie », a souligné Arnaud Rouger, directeur général de la LFP, « mais [elle] se donne aussi dans la temporalité ». La ligue travaille ainsi en amont des rencontres, en concertation avec la division nationale de lutte contre le hooliganisme, sur le calendrier des rencontres, l’encadrement des trajets et de leurs possibles croisements.

Apaisement aux abords des stades

Reprenant les pistes évoquées à l’issue de la douzième réunion de l’Instance nationale du supportérisme, le 18 décembre 2023, la ministre des sports a souhaité que les axes développés soient discutés collectivement pour qu’une « réponse globale et efficace » émerge « avant la fin de la saison ». « Cette réponse globale doit aussi être développée pour le rugby et le football amateurs, qui ont leurs propres difficultés », a-t-elle ajouté, faisant allusion aux incidents qui ont émaillé l’après-match de rugby d’U14 à Massy, samedi 9 mars.

La LFP et quelques représentants de clubs se sont félicités des initiatives concrètes prises sur des sujets « serpents de mer », selon les mots d’Arnaud Rouger. Les expérimentations autour des tribunes debout, de la pyrotechnie, le développement de postes de policiers référents et de supporteurs référents ont été salués. Des initiatives qui semblent, pour toutes ces instances, la clé d’un dialogue réussi en amont et d’un apaisement aux abords des stades, où l’accueil des forces de l’ordre a été critiqué, notamment par le sociologue Nicolas Hourcade. Le fiasco de la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et Liverpool au Stade de France était dans toutes les têtes, alors que la France se prépare à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques.

Lire notre enquête (2021) : Article réservé à nos abonnés « Le stade est le reflet de la société et de la tension actuelle »

Hélène Schrub, seule femme responsable d’un club de Ligue 1, a défendu l’approche pédagogique en prévention de la lutte contre les discriminations. Son club, le FC Metz, a mis en place des rencontres régulières entre pouvoirs publics, associations de supporteurs et associations de lutte contre l’homophobie, toutes soucieuses de leur image. La directrice générale du club lorrain a jugé cet effort utile, au regard du « chemin long » pour faire évoluer les mentalités et de la difficulté d’appliquer des sanctions individuelles dans les cas de chants racistes ou homophobes. Rappelant que la « lutte contre les violences et les discriminations est au cœur de [son] combat pour le sport », la ministre a insisté sur la place des femmes et des familles dans les enceintes sportives.

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