Le congrès du Parti socialiste (PS) qui s’est tenu à Nancy s’est achevé dimanche 15 juin sans que les courants des deux finalistes n’aient réussi à s’entendre sur une synthèse. Le courant du premier secrétaire réélu, Olivier Faure, et ses opposants, menés par le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, se sont écharpés sur la relation que le PS doit entretenir avec La France insoumise (LFI).
Les deux courants étaient proches d’un accord sur un texte de synthèse, mais le camp de M. Mayer-Rossignol, qui a échoué de peu à ravir la tête du parti, a voulu faire insérer dans la nuit de samedi à dimanche la phrase suivante : « Nous ne ferons pas d’accord national et programmatique aux législatives avec LFI. » Ce que le camp de M. Faure a refusé de faire.
Le premier secrétaire a régulièrement affirmé que son parti n’irait « pas derrière Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle » de 2027 et qu’il n’y aurait pas d’accord national aux municipales avec les « insoumis ». Mais, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale et de risque d’accès de l’extrême droite au pouvoir, il refuse d’exclure des discussions avec LFI.
« Nous regrettons que cet amendement n’ait pas été accepté. C’était le seul amendement qui nous séparait d’un accord », a déclaré, dimanche devant la presse, M. Mayer-Rossignol. Il a déploré une nouvelle fois un manque de clarté, estimant que le sujet de la relation à LFI « a été caché » par la direction, qui « faisait croire que c’était derrière nous ».
« Un grand parti socialiste parle à toute la gauche »
« Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir (…) certains ici ont la vocation de faire de ce congrès un référendum pour ou contre LFI », a souligné Olivier Faure dans son discours de clôture, une allusion à M. Mayer-Rossignol, assis au premier rang. « Tant qu’ils auront pour unique obsession LFI, ils ne feront que témoigner de la domination psychologique que la gauche radicale exerce sur eux ».
M. Faure a assuré ne pas s’interroger « chaque matin sur ce que dit, pense, tweete Jean-Luc Mélenchon ». « Un grand parti socialiste ne s’abaisse pas à la polémique permanente avec la gauche (…), un grand parti socialiste parle à toute la gauche, à tous ses électeurs, sans opérer de tri ».
Le patron des socialistes a répété qu’il n’y aurait « pas d’accord national » avec LFI aux prochaines élections municipales et que pour la présidentielle, il souhaitait une candidature unique « allant de [François] Ruffin à [Raphaël] Glucksmann, de [Clémentine] Autain à [Marine] Tondelier, des socialistes aux écologistes ou aux communistes ».
Malgré les désaccords, il a affirmé aux membres du courant de M. Mayer-Rossignol, que « la porte de la direction [leur] était ouverte ». « Je n’exige qu’une seule condition : respecter le fait majoritaire et respecter la ligne stratégique qui a été adoptée par ce congrès », a-t-il demandé, alors qu’il a été réélu à la tête du parti avec 51,15 % des voix.
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M. Faure a par ailleurs multiplié les mains tendues à Boris Vallaud, le troisième homme du congrès, estimant qu’il était possible de trouver avec lui « un chemin, dans le cadre d’un pacte de gouvernance ». Il lui a promis de reprendre notamment son concept de « démarchandisation » de la société. « Je suis convaincu qu’une base existe pour qu’une nouvelle direction s’installe d’ici au conseil national du 1er juillet », a-t-il assuré.
Regrettant qu’il n’ait pas été « possible de bâtir le contrat d’unité » qu’il souhaitait, le courant de M. Vallaud a indiqué dans un communiqué, après le discours de M. Faure, poursuivre les discussions avec lui.