L’annonce, en janvier, d’une possible délocalisation d’ASML, leader mondial dans le domaine de la photolithographie, une technologie essentielle dans la fabrication des semi-conducteurs, continue d’agiter le gouvernement néerlandais. A tel point que Mark Rutte, le premier ministre démissionnaire, a dû imaginer un plan d’urgence pour tenter de maintenir l’ancrage du géant de Veldhoven sur le territoire national.
Mercredi 6 mars, le quotidien De Telegraaf révélait le lancement, par le gouvernement, de l’opération « Beethoven », censée améliorer le « climat d’investissement » dans le royaume. Le même jour, M. Rutte délaissait pour un temps la campagne qu’il mène en vue de décrocher le poste de secrétaire général de l’OTAN et rencontrait Peter Wennink, le patron d’ASML, en compagnie de la ministre de l’économie, Micky Adriaansens.
Les récentes déclarations du PDG d’un groupe qui vaut 360 milliards d’euros en Bourse et emploie 42 000 personnes ont mis le feu aux poudres. « Cette entreprise doit doubler, voire tripler, sa production. C’est possible ici, mais ailleurs aussi », commentait, en janvier, M. Wennink, qui partira à la retraite fin avril et devrait être remplacé par le Français Christophe Fourquet, actuel directeur des affaires commerciales.
« Mauvais signaux »
La remarque avait fait mouche, notamment parce qu’il visait à dénoncer une politique de plus en plus restrictive en matière d’immigration. ASML, dont 40 % des employés sont d’origine étrangère, veut – et doit – continuer à recruter du personnel très qualifié en dehors des frontières, mais se heurte à de nombreuses difficultés, dont le durcissement des conditions d’accès au statut d’expatrié. Deux des formations sorties gagnantes des élections législatives de novembre 2023, le Parti pour la liberté du populiste Geert Wilders et le Nouveau Contrat social de Peter Omtzigt, entendent, quant à elles, restreindre encore les autorisations de travail, même pour les métiers en pénurie.
De quoi inquiéter d’autres entreprises high-tech en demande de main-d’œuvre, comme NXP, qui produit des composants électroniques de pointe à Eindhoven, ou BESI, qui fabrique des équipements pour semi-conducteurs en province de Gueldre. Boskalis, une multinationale établie dans la province de Hollande-Méridionale, spécialisée dans le dragage et le développement de projets offshore, a, elle, créé un bureau régional à Abou Dhabi et menace d’y implanter tout son quartier général en 2025. Evoquant « l’offre infinie de talents » dans les Emirats et la possibilité d’y recruter du personnel asiatique rapidement et sans difficulté administrative, Peter Berdowski, le PDG de la compagnie, opposait cette situation à celle, trop contraignante, selon lui, des Pays-Bas.
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