Faire entrer l’édredon dans la valise. Voilà le défi de la majorité présidentielle pour composer sa liste pour les élections européennes de juin. Avec des sondages en berne, et donc certainement moins de sièges à l’arrivée qu’en 2019, ainsi que vingt députés sur les vingt-trois de la délégation Renaissance qui souhaitent être reconduits, il n’y aura pas de place en position éligible pour tous les candidats. Les motifs de crispation se font déjà jour entre partenaires de la coalition, chacun refusant de rogner sur ses positions.
Réunis le 20 décembre 2023 au QG du MoDem, Stéphane Séjourné, le secrétaire général de Renaissance, François Bayrou, le président du MoDem, et Edouard Philippe, le président d’Horizons, ont rendu une première ébauche en établissant une clé de répartition au prorata de leurs scores des élections législatives de juin 2022. Les trente premières places de la liste pourraient ainsi être divisées en cinq tranches de six. Avec, à chaque fois, trois places pour Renaissance, deux pour le MoDem et une pour Horizons.
« Mais le diable est dans les détails », commente l’eurodéputé sortant Gilles Boyer, lieutenant d’Edouard Philippe, nommé codirecteur de campagne. Le mode de calcul ne permet pas pour l’instant de garantir aux partis composant la coalition que leurs objectifs soient atteints. Horizons, qui n’existait pas en 2019 et ne compte que deux eurodéputés, veut doubler son contingent, tandis que le MoDem, forts de six sortants, ne souhaite pas descendre en dessous.
Et cette année, il faut aussi composer avec un allié supplémentaire, l’Union des démocrates et indépendants. La microformation centriste doit officiellement acter sa participation à la coalition lors de son congrès, le 23 mars. Sa candidate est déjà connue en la personne de Valérie Létard, ancienne vice-présidente du Sénat (2017-2023). Un siège est également promis à l’ex-maire de Nancy et président du Parti Radical, Laurent Hénart, en remplacement de l’eurodéputé sortant Dominique Riquet, qui représentait la famille valoisienne en 2019. Leur place sur la liste est l’objet de toutes les attentions, chaque parti craignant que cela se fasse à son détriment.
« Trouver les bons équilibres »
L’eurodéputé sortant Bernard Guetta vient ajouter son grain de sel. L’ancien journaliste, spécialiste de questions internationales, plaide depuis juillet 2023 pour que le soutien à l’Ukraine soit au cœur de la campagne de Renaissance, ce qui devrait lui assurer une place de choix sur la liste. Mais M. Guetta met un point d’honneur à rappeler qu’il n’est membre d’aucun parti, pour la plus grande exaspération du MoDem et d’Horizons. Ces derniers estiment que son siège doit être décompté du quota alloué à Renaissance. Le parti présidentiel s’y refuse et veut que les candidats issus de « la société civile » soient portés par l’ensemble de la coalition. La question crispe d’autant plus les négociateurs que deux nouveaux prétendants avec un profil « société civile » pourraient être intégrés à la liste.
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