
Hadi Matar, l’Américano-Libanais de 27 ans qui avait agressé au couteau en 2022 l’écrivain Salman Rushdie, a été condamné, vendredi 16 mai, à vingt-cinq ans de prison. Il avait été reconnu coupable de tentative de meurtre et d’agression par un jury américain, le 21 février, après deux semaines de procès au tribunal de Mayville, dans le nord de l’Etat de New York.
Il a été condamné à la peine maximale, soit vingt-cinq ans de prison, ainsi qu’à sept ans de prison pour avoir blessé une autre personne, qu’il purgera simultanément.
Le 12 août 2022, Hadi Matar avait poignardé l’auteur des Versets sataniques, ouvrage pour lequel l’ayatollah Khomeyni, Guide suprême de la République islamique d’Iran, avait lancé une fatwa en 1989, jugeant le roman, publié en 1988, blasphématoire.
L’écrivain américano-britannique de 77 ans, né en Inde, a perdu dans cette attaque l’usage de son œil droit, sa pomme d’Adam a été lacérée, son foie et son intestin grêle ont été percés, et de graves lésions nerveuses au bras l’ont laissé paralysé d’une main. L’agression s’était produite lors d’une conférence sur la protection de la liberté des écrivains, dans une région frontalière du Canada. L’auteur avait été sauvé par des spectateurs.
« Acte de terrorisme au nom du Hezbollah »
A la barre du tribunal de Mayville, où il s’était présenté en février avec son œil droit caché derrière un verre teinté, il avait notamment raconté s’être vu « mourir » lors de cette attaque. « C’était un coup de couteau dans mon œil, extrêmement douloureux, je hurlais à cause de la douleur », avait déclaré Salman Rushdie durant le procès, ajoutant qu’il s’était retrouvé dans une « mare de sang ». L’écrivain avait déjà fait le récit de son agression dans un livre, Le Couteau. Hadi Matar avait été arrêté dans la foulée.
L’homme, qui a plusieurs fois hurlé des slogans propalestiniens durant son procès, avait poignardé l’écrivain une dizaine de fois avec un couteau doté d’une lame de 20 centimètres. Quelques jours après l’agression, il avait été interviewé dans sa prison par le tabloïd New York Post, auquel il avait confié avoir été « étonné » que Salman Rushdie ait survécu.
Il n’avait pas dit, en revanche, s’il avait été inspiré par la fatwa lancée en 1989 par l’ayatollah Khomeyni. Il avait déclaré à la presse qu’il n’avait lu que deux pages des Versets sataniques, mais il avait aussi souligné qu’il reprochait à M. Rushdie d’avoir « attaqué l’islam ». Hadi Matar est aussi inculpé par la justice fédérale américaine pour « acte de terrorisme au nom du Hezbollah », le mouvement chiite libanais soutenu par l’Iran. Téhéran a nié toute implication.