Selon les Ukrainiens, il s’agit de la plus importante attaque russe menée contre les infrastructures énergétiques du pays depuis le début de la guerre, commencée il y a un peu plus de deux ans. Vendredi 22 mars, quelque 150 missiles et drones ont visé des installations situées dans huit régions d’Ukraine ; elles ont provoqué d’importantes coupures d’électricité, mais aussi de gaz et d’eau, notamment dans les villes de Kharkiv, de Dnipro, de Soumy, d’Odessa ou encore de Kryvy Rih. Cinq personnes auraient été tuées dans ces bombardements, ont indiqué les autorités locales.
« Plus de 60 Shahed [un drone kamikaze d’origine iranienne] et presque 90 missiles de différents types » ont été tirés contre des centrales hydroélectriques et thermiques, a assuré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un message publié vendredi sur les réseaux sociaux. Les Ukrainiens affirment avoir abattu 55 des 63 drones envoyés contre leurs installations, mais une cinquantaine de missiles balistiques et de croisière, notamment des Kinjal hypersoniques, seraient passés à travers leur défense antiaérienne. La plus grande centrale hydroélectrique d’Ukraine, située sur le Dniepr, a notamment été touchée par huit missiles, provoquant des « dégâts très importants ».
Dans un message posté vendredi sur Telegram, le ministère russe de la défense a affirmé avoir conduit cette attaque « en réponse » à celles menées par les Ukrainiens dans les régions russes situées à proximité de la frontière, notamment autour de Belgorod et de Koursk. Depuis le 12 mars, des combattants russes pro-ukrainiens, issus de différentes unités rattachées à l’armée de Kiev, mènent des raids sur des localités situées derrière la frontière, plantant le drapeau ukrainien sur des bâtiments officiels. Lors de la campagne pour sa réélection, le président russe, Vladimir Poutine, avait lui-même promis qu’il allait se venger de la multiplication de ces attaques sur le territoire national.
Ces incursions en territoire russe n’ont pourtant aucun effet militaire direct. « Ce sont tout au plus des coups de canif », assure un officier français. Mais elles participent de la stratégie dite « des mille entailles », mise en place depuis le début de l’année par l’état-major de Kiev. Alors que leur contre-offensive de l’été 2023 a échoué et que leurs troupes sont passées en posture défensive sur la quasi-totalité du front, les Ukrainiens ont choisi de multiplier les actions à la périphérie du champ de bataille pour tenter d’entraver l’effort de guerre russe. « On assiste à une stratégie indirecte ukrainienne qui vise à user et à perturber les capacités permettant à la Russie de tenir dans la durée », estime une source militaire française.
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