Milan-San Remo, première grande classique de la saison cycliste, ressemble généralement à une longue course d’attente qui s’emballe subitement dans le Poggio, la dernière côte, située à 9 kilomètres de l’arrivée. Samedi 16 mars, l’édition 2024 n’a pas échappé à la règle. Mais cette fois, quelques sprinteurs ont réussi à suivre les puncheurs dans l’ultime ascension, ce qui a permis au Belge Jasper Philipsen de s’imposer à San Remo, devant l’Australien Michael Matthews (Jayco AlUla) et le Slovène Tadej Pogacar (UAE Emirates).
Philipsen, 26 ans, maillot vert du Tour de France 2023, succède ainsi à son coéquipier de l’équipe Alpecin-Deceuninck Mathieu van der Poel, présent dans l’emballage final et 10e à l’arrivée.
A noter, l’honorable 9e place de Julian Alaphilippe. Le Français, vainqueur de l’épreuve en 2019, a fini la course au contact des meilleurs. Il a même participé au sprint malgré un pneu crevé dans les derniers hectomètres. Critiqué depuis des mois par Patrick Lefevere, le patron de son équipe (Soudal-Quick Step), Alaphilippe apporte ainsi une réponse (sportive) à celui qui a plusieurs fois dénoncé publiquement son manque d’implication.
Pogacar à l’attaque
Dans la Cipressa, autre côte située à environ 25 kilomètres du but, l’équipe UAE Emirates de Tadej Pogacar s’était attachée à réduire le nombre de prétendants à la victoire finale en imposant un rythme élevé. Au pied du Poggio, ils n’étaient ainsi plus qu’une trentaine à se disputer les avant-postes.
Dans le fameux Poggio, Pogacar, qui rêve de remporter cette épreuve longue de 288 kilomètres et qui fait partie des « Monuments » du cyclisme, est passé à l’attaque à deux reprises. Une première fois à 3,7 kilomètres, là où la pente est la plus forte (8 %), puis au sommet de la montée, juste avant de basculer dans la sinueuse descente vers San Remo.
Dans les deux cas, le champion du monde néerlandais Mathieu van der Poel était le plus prompt à suivre le Slovène, vainqueur du Tour de France en 2020 et 2021. Mais les deux hommes, qui étaient présentés comme les principaux favoris de l’épreuve, n’ont pas réussi à éviter le retour d’un groupe mêlant des sprinteurs (Philipsen, Matthews et le Danois Mads Pedersen) et quelques redoutables descendeurs (le Britannique Tom Pidcock et le Slovène Matej Mohoric).
Tout ce beau monde arrivant groupé dans la dernière ligne droite, les sprinteurs n’avaient plus qu’à se lancer dans leur exercice favori : pousser le plus fort possible sur les pédales pour franchir la ligne à pleine vitesse. A ce petit jeu, Philipsen est souvent le plus fort, le plus rapide. Il l’a démontré une nouvelle fois en jetant son vélo sur la ligne, ce qui lui a permis de devancer de quelques centimètres Michael Matthews. En se mêlant à cette ultime bataille, Pogacar hérite de la troisième place.
Il s’agit de la première victoire de Philipsen dans un Monument. C’est également le premier succès d’un sprinteur sur Milan-San Remo depuis le Français Arnaud Démare, en 2016.