Encore sous le choc de la mort d’Alexeï Navalny, les proches de l’opposant russe, mort en détention le 16 février, n’ont pas fini de s’inquiéter pour leur sécurité. Leonid Volkov, ancien bras droit de M. Navalny, a été victime d’une agression, mardi 12 mars en soirée, à l’extérieur de son domicile en Lituanie.
Opposant russe en exil, M. Volkov a précisé, tôt mercredi, avoir été attaqué par un homme qui l’a frappé « environ quinze fois » avec un objet contondant, et souffrir d’une fracture au bras. « Ils ont littéralement voulu me transformer en schnitzel [escalope viennoise] », a-t-il déclaré dans une vidéo sur Telegram, se félicitant d’être encore « en vie ».
« Nous allons travailler et nous n’abandonnerons pas », a-t-il ajouté, jugeant que l’agression dont il a été victime était « typique » du mode opératoire des hommes de main du président russe, Vladimir Poutine.
« Leonid Volkov vient d’être attaqué à l’extérieur de sa maison. Quelqu’un a brisé la vitre d’une voiture et l’a aspergé de gaz lacrymogène dans les yeux avant de commencer à frapper Leonid avec un marteau », avait alerté, mardi, l’ancienne porte-parole de M. Navalny, Kira Yarmysh, sur le réseau social X.
Conduit aux urgences, M. Volkov a finalement pu regagner son domicile dans la nuit, avait fait ensuite savoir son épouse, Anna Birioukova. « Nous sommes à la maison. Le bras de Leonid est cassé et il ne peut pas encore marcher », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. Comme des proches plus tôt, elle a diffusé des photos montrant les blessures subies par l’opposant, dont un œil au beurre noir, une marque rouge sur son front et du sang sur une de ses jambes.
Aucun suspect n’a été identifié et plus de détails sur cette agression devraient être communiqués mercredi matin, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole de la police lituanienne, Ramunas Matonis.
Le ministre des affaires étrangères lituanien, Gabrielius Landsbergis, a condamné l’attaque, qu’il juge « choquante », et assuré, dans un message sur X, que ses auteurs devront « répondre de leurs crimes ». Pays membre de l’OTAN, la Lituanie accueille de nombreux Russes en exil et est un fervent soutien de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe.
« Poutine a tué Navalny, et beaucoup d’autres personnes avant lui »
Agé de 43 ans, Leonid Volkov est l’une des principales figures de l’opposition russe et était l’un des lieutenants d’Alexeï Navalny, mort le 16 février à l’âge de 47 ans dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique où il purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour extrémisme.
« Poutine a tué Navalny, et beaucoup d’autres personnes avant lui », avait écrit, lundi, sur les réseaux sociaux Leonid Volkov, qui était l’ancien chef de cabinet de l’opposant. Il présidait également jusqu’en 2023 la Fondation anticorruption, fondée par M. Navalny.
Les dissidents russes qui se sont exprimés contre le Kremlin se plaignent souvent d’être l’objet de menaces et d’attaques. Quelques heures avant son agression mardi, Leonid Volkov avait confié au média russophone indépendant Meduza être inquiet pour sa sécurité depuis la mort d’Alexeï Navalny : « Le principal risque désormais, c’est que nous soyons tous tués. Pourquoi ? C’est une chose assez évidente. »
Recherché par Moscou
Leonid Volkov s’est exilé en 2019, comme d’autres alliés d’Alexeï Navalny, après l’ouverture par les autorités russes d’une enquête criminelle visant la Fondation anticorruption. Les multiples procès intentés contre M. Navalny avaient été largement dénoncés comme étant une manière de le punir pour son opposition au président russe. Depuis 2021, Moscou recherche Leonid Volkov pour son rôle dans l’organisation, conjointement avec M. Navalny, de manifestations contre le pouvoir russe.
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Après la mort de l’opposant à Vladimir Poutine, à propos de laquelle une quarantaine de pays dont les Etats-Unis et ceux de l’Union européenne ont demandé une enquête internationale, Leonid Volkov a promis que l’équipe qui entourait Alexeï Navalny « n’abandonnerait pas », parce que « le bien l’emporte toujours sur le mal ». Il avait appelé ses partisans à « ne pas se décourager ». « C’est ce qu’il attend de nous maintenant. Ce à quoi il a consacré sa vie doit gagner. »
Cette agression survient à quelques jours de l’élection présidentielle en Russie, qui se déroulera de vendredi à dimanche et devrait voir de nouveau triompher Vladimir Poutine, faute de véritables opposants.