Une panne d’électricité généralisée a affecté, vendredi 30 août au matin, l’ensemble du Venezuela, y compris la capitale Caracas, a rapporté Freddy Nanez, ministre de la communication, qui a évoqué un « sabotage ».
« Urgent, à 4 h 50 aujourd’hui, vendredi 30 août, il y a eu un sabotage électrique au Venezuela, un sabotage contre le système électrique national qui a affecté presque tout le territoire national, les 24 états signalent une perte totale ou partielle de l’approvisionnement en électricité », a déclaré M. Nanez.
Dans la journée, le courant se rétablissait peu à peu dans le pays. L’électricité, complètement coupée pendant plusieurs heures, est ainsi revenue par intermittence dans certaines parties de Caracas et des Etats de Tachira et de Merida, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). Des témoignages sur les réseaux sociaux faisaient état d’une normalisation dans d’autres zones du pays.
Ce black-out survient alors que le pays est plongé dans une crise post-électorale, un mois après la présidentielle du 28 juillet qui a vu la réélection contestée du président Nicolas Maduro alors que l’opposition revendique la victoire.
« Nous sommes en train de normaliser, régulariser, pas à pas avec garanties, avec sécurité », a lancé M. Maduro à la télévision en soirée, sans toutefois donner de chiffres précis ni sur les coupures ni sur l’état de la récupération du réseau. « C’est une attaque pleine de vengeance, de haine, qui vient des courants fascistes (…) prétendant être l’opposition politique », a-t-il dit, se disant persuadé qu’elle a été organisée depuis les « Etats-Unis ».
« Il s’agit d’une attaque contre Guri », un village du sud-est du pays où se trouve la plus grande centrale l’hydroélectrique du pays, a-t-il affirmé.
Manques d’investissement et de mauvaises gestions
Le Venezuela a déjà connu des pannes de courant importantes ces dernières années, pannes que le gouvernement impute presque toujours à ses opposants ou aux Etats-Unis. Les leaders de l’opposition et de nombreux spécialistes estiment qu’il s’agit surtout du résultat de manques d’investissement et de mauvaises gestions de l’appareil industriel qui s’est détérioré avec la crise économique.
Le Venezuela a connu au cours de la décennie écoulée une contraction sans précédent, de 80 %, de son PIB, que la timide reprise des deux dernières années n’a pas compensée. Quelque sept millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
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Le ministre de l’intérieur, Diosdado Cabello, souvent considéré comme un des hommes les plus puissants du Venezuela, a estimé que les opposants au pouvoir n’avaient « pas atteint leurs objectifs (…) que le pays soit en feu un mois après l’élection ».
« Tout est sous contrôle », a assuré, de son côté, le ministre de la défense, Vladimir Padrino Lopez. « Les forces armées sont déployées sur l’ensemble du territoire national », a-t-il souligné.
Des coupures de courant locales au quotidien
Si cette panne généralisée est surprenante, le pays connaît régulièrement des petites coupures locales et des délestages de courant. Des régions de l’ouest du pays comme Táchira et Zulia, autrefois capitale du pétrole, subissent des coupures d’électricité au quotidien.
« Je pensais qu’il s’agissait d’une coupure comme il y en a tous les jours ici », s’amuse Elena Jimenez, une femme au foyer de 66 ans de Maracaibo, la capitale de l’Etat de Zulia.
En mars 2019, le Venezuela avait été traumatisé par une énorme coupure d’électricité généralisée de cinq jours, panne qui avait duré plus longtemps dans certaines régions.
« C’est une nouvelle forme de sabotage de l’électricité », a insisté le ministre Nanez, faisant allusion à la panne de 2019. « Nous l’avons vécue en 2019, nous savons ce que cela nous a coûté en 2019, nous savons ce que cela nous a coûté pour récupérer le système électrique national. Aujourd’hui, nous avons des protocoles pour l’affronter ».