Pendant que le football masculin français est en crise sur fond de baisse des revenus issus des droits télévisés, son homologue féminin poursuit sa mue. Trois mois après le lancement de la Ligue féminine de football professionnel (LFFP), son président, Jean-Michel Aulas, accueillait, mardi 3 octobre, les dirigeants des clubs de la Première Ligue et de la Seconde Ligue, au siège de la Fédération française (FFF).
Au menu des discussions, la présentation des avancées de la professionnalisation et des objectifs, comme le passage de douze à quatorze clubs en première division d’ici à 2026 et celui du nombre de licenciées de 250 000 actuellement, à 500 000 en 2028. Avant un comité directeur dans l’après-midi, l’ancien président de l’Olympique lyonnais (OL) a accordé une heure d’entretien au Monde.
Certains dirigeants ou joueuses de Première Ligue ont récemment affirmé que la professionnalisation n’a rien changé à leur quotidien. Que leur répondez-vous ?
Il y a beaucoup de discours négatifs qui cachent une évolution très positive. Pour que le football féminin français ne se fasse plus distancer par les Anglais, qui ont démarré bien avant nous [leur professionnalisation remonte à 2017], nous devions d’abord nous structurer. C’est ce que nous continuons de faire, mais il va falloir attendre les résultats de cette structuration.
Il y en a déjà quelques-uns de concrets : nous avons désormais plus de 220 joueuses sous contrat professionnel dans le championnat, un record. Autre point révélateur : les affluences. La saison dernière, il n’y a eu que neuf matchs avec plus de 1 000 personnes dans le stade lorsque le Paris Saint-Germain [PSG] et l’OL ne jouaient pas. Après deux journées, nous en sommes déjà à quatre. Les audiences télévisées sont en hausse de 25 %. Le football féminin est en train de prendre une dimension extrêmement importante.
La professionnalisation est pourtant loin d’être acquise partout, dans tous les clubs…
Le PSG, l’OL, le Paris FC et Fleury en sont déjà presque à 100 % de professionnalisation. Pour les autres clubs, on travaille d’arrache-pied. Les équipes se dotent de directeurs généraux, de nouveaux membres dans le staff, d’analystes vidéo, de médecins… Des postes qui n’existaient pas il y a deux ans [en 2022]. La LFFP les accompagne notamment avec des licences, qui définissent le niveau de structuration d’un club et leur permet d’obtenir des subventions [600 000 euros par saison pour la licence élite, la plus élevée]. Mais évidemment, pour obtenir ces licences, cela suppose des investissements de la part des clubs.
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