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« Sur le papier, c’est idyllique, mais sur le terrain c’est autre chose »

by Marko Florentino
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La chaîne d’assemblage de l’A321 du site Airbus Jean-Luc Lagardère, à Cornebarrieu (Haute-Garonne), dans le sud-ouest de la France, le 24 octobre 2024.

Si le premier exemplaire de l’A321 XLR, pour Xtra Long Range (« à très long rayon d’action »), n’a toujours pas été livré à Iberia, le nouvel avion star d’Airbus accumule déjà plus de 500 commandes. De quoi donner une bouffée d’air aux 78 000 emplois de la filière aéronautique en Occitanie. Mais il ne suffit pas que l’avionneur européen remplisse un carnet de commandes pour les dix prochaines années ; encore faut-il produire les appareils.

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Pour ce faire, le constructeur a besoin de l’intégralité de sa chaîne de sous-traitants. Or celle-ci, déstabilisée par la pandémie de Covid-19 qui a fortement ralenti son activité, est encore freinée dans sa capacité à produire vite. « Je vis une situation paradoxale. Mon avenir est serein, pour ne pas dire radieux, car j’ai un carnet de commandes qui n’a jamais été si plein, avec une hausse d’activité de 40 % par an depuis 2022 », témoigne Olivier Geysels, dirigeant de Lhers, PME spécialisée dans l’usinage de pièces pour les systèmes d’air.

Afin de fabriquer davantage, l’entreprise de 55 salariés, installée aux portes de Toulouse, à Aucamville (Haute-Garonne), a pris la décision, en janvier 2023, de pousser les murs de son usine en louant, à 200 mètres de son siège, un second bâtiment de production de 3 000 mètres carrés rénové, inauguré le 26 septembre 2024. Revers de la médaille : l’entreprise est contrainte de reporter l’achat de trois centres d’usinage à commande numérique, au prix de 300 000 à 500 000 euros l’unité. Le problème ? Une trésorerie à sec.

Capacité d’autofinancement insuffisante

« Je n’ai plus un sou en banque pour financer ma croissance, parce que je dois constituer du stock de matières, des encours de production. Je dois aussi payer les heures et la sous-traitance, sachant que le cycle industriel de nos pièces peut être de plusieurs mois. Ce qui explique l’augmentation du besoin en fonds de roulement d’exploitation », ajoute M. Geysels, qui s’apprête à effectuer deux levées de fonds d’un montant total de 2,5 millions d’euros.

« Sur le papier, c’est idyllique, mais sur le terrain c’est autre chose. » A plus d’une centaine de kilomètres de là, à Decazeville (Aveyron), Stéphan Mazars, le gérant de l’entreprise Société Technic’Services, partage ce constat contradictoire. Ce fabricant de pales en composite et de pièces électromécaniques rembourse, depuis décembre 2021, les mensualités de son prêt garanti par l’Etat de 1 million d’euros. Il fait également les frais du décalage de calendrier industriel d’Airbus. En effet, le donneur d’ordre, qui prévoyait, début 2024, de livrer 800 appareils, a revu son objectif à la baisse, avec 770 livraisons.

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