Ils sont désormais deux à la table de discussion avec les représentants du monde agricole : alors que le secteur est en proie à de fortes convulsions depuis plusieurs semaines, Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher présentent un front uni face aux professionnels du secteur. L’un est ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire depuis 2022, confirmé à ce poste le 11 janvier. L’autre est ministre déléguée auprès du ministre de l’agriculture depuis le 8 février. Junior minister (« ministre de second rang »), comme on dit dans les pays anglo-saxons.
A ceci près qu’à 49 ans, après cinq années au sein de l’exécutif, Agnès Pannier-Runacher n’est plus une junior. Entrée comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, en 2018, cette HEC-ENA a fait la démonstration de sa capacité à démêler les affaires les plus épineuses. « C’est un pitbull : quand elle prend un dossier, elle ne le lâche pas tant qu’il n’est pas résolu », témoigne l’ancien député (La République en marche) de la Creuse Jean-Baptiste Moreau.
L’ancienne inspectrice des finances, camarade de promotion de l’ENA du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a été régulièrement promue depuis cinq ans. Nommée ministre déléguée chargée de l’industrie en 2020, elle devient ministre de la transition énergétique dans le gouvernement d’Elisabeth Borne en 2022.
Mais, au cours du remaniement de janvier, Bruno Le Maire, maintenu à Bercy, absorbe le secteur de l’énergie, privant Mme Pannier-Runacher de portefeuille. L’enseignement supérieur, ministère de plein exercice, lui est proposé, mais elle refuse. Auprès de l’Elysée comme de Matignon, elle évoque des secteurs qui l’intéressent davantage, quitte à n’être « que » ministre déléguée.
La santé, par exemple. Dès le lendemain de la première salve du gouvernement, le nom d’Agnès Pannier-Runacher circule pour seconder Catherine Vautrin, qui a pris la tête d’un super-ministère du travail, de la santé et des solidarités. Ancienne directrice de cabinet de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris au début des années 2000, cette « techno » a piloté depuis Bercy, pendant la crise du Covid-19, la task force pour relancer la production de masques en France et négocier le prix des vaccins avec les laboratoires. Elle a fustigé, à l’issue de cette crise, la « lenteur » de l’administration. Le duo exécutif craint-il une bronca des personnels de santé si elle était nommée ? Elle n’est pas retenue en tout cas.
Une cohabitation qui peut susciter des jeux délétères
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