Home » Dans la Nièvre, la fièvre de l’agrivoltaïsme divise les habitants

Dans la Nièvre, la fièvre de l’agrivoltaïsme divise les habitants

by Marko Florentino
0 comments


Pâturage de brebis sur la centrale photovoltaïque de Verneuil-Charrin (Nièvre), le 19 octobre 2021.

Dans un froid piquant, au pied de l’église romane de Chaluzy (Nièvre), deux artistes miment une scène d’exécution. Un paysan loufoque installé sur une chaise électrique reçoit une décharge fatale : c’est l’allégorie de l’agrivoltaïsme venant sonner le glas de l’agriculture. Par cette saynète jouée devant cinquante sympathisants, il s’agit pour la Confédération paysanne de clamer son opposition à l’installation de panneaux solaires sur les terres cultivables du département.

Ce syndicat s’inquiète de centrales qui transformeraient des paysans en « paysagistes » affairés à entretenir l’herbe autour des panneaux, qui nuiraient aussi aux rapaces et aux abeilles et qui surtout figeraient des exploitations pendant trente ans, quand l’heure est à l’adaptation rapide de l’agriculture au changement climatique, voire aux crises géopolitiques. Le hameau de Chaluzy symbolise leur lutte : « Nous sommes ici sur une belle parcelle céréalière que convoite un promoteur de l’énergie solaire. A côté, se trouve la zone industrielle de Saint-Eloi, dont les vastes friches et toits des entrepôts n’intéressent personne. Quelle absurdité ! Il faut stopper tout ça. » Tous applaudissent.

Depuis que la chambre d’agriculture a officialisé les règles de l’agrivoltaïsme sur son territoire en 2020, les projets se succèdent. Une soixantaine actuellement, à l’étude ou en chantier, de 10 à près de 200 hectares. « Nous avons voulu proposer jusqu’à 1 % de nos terres agricoles, soit 3 700 hectares de panneaux au maximum ou 2 000 mégawatts de puissance solaire installée. Cela ne gênera pas la production agricole quoi qu’en dise la Confédération paysanne, explique son président Didier Ramet. Une fois que l’investisseur et le propriétaire se sont rencontrés, la chambre expertise le projet pour qu’il soit d’aplomb, crédible et réaliste. »

Cette caution de la chambre d’agriculture permet à des projets solaires d’avancer en confiance auprès des élus et du préfet. Une aubaine pour plusieurs grosses entreprises (TotalEnergies, EDF, ou le portugais EDPR) engagées dans la production d’énergie renouvelable et ayant souvent bataillé plus de cinq ans pour que leurs projets d’éoliennes se concrétisent. « A côté de ça, la chambre demande à l’investisseur que soient versés 1 000 euros par hectare de parc à l’agriculteur – en plus du propriétaire – et qu’il abonde un fonds d’investissement (dit “GUFA” pour Groupement d’utilisation de financements agricoles de la Nièvre) à hauteur de 1 500 euros par an par mégawatt installé, précise M. Ramet. Cela va permettre de financer les projets de l’ensemble des agriculteurs du département, comme un magasin de producteurs, par exemple. Imaginez donc qu’on installe les 2 000 mégawatts : ça fera une enveloppe annuelle de 3 millions d’euros pour améliorer l’ordinaire de nos agriculteurs ! »

Il vous reste 73.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

You may also like

Leave a Comment

NEWS CONEXION puts at your disposal the widest variety of global information with the main media and international information networks that publish all universal events: news, scientific, financial, technological, sports, academic, cultural, artistic, radio TV. In addition, civic citizen journalism, connections for social inclusion, international tourism, agriculture; and beyond what your imagination wants to know

RESIENT

FEATURED

                                                                                                                                                                        2024 Copyright All Right Reserved.  @markoflorentino