L’armée américaine a annoncé, jeudi 17 avril, avoir mené des bombardements qui ont abouti à la « destruction » du « port pétrolier de Ras Issa », contrôlé par les rebelles houthistes du Yémen, contre lesquels les Etats-Unis multiplient les attaques de manière quasi quotidienne depuis un mois.
Après ces frappes revendiquées par Washington, de nouveaux raids ont visé cette infrastructure stratégique située près de Hodeïda alors que les opérations de secours étaient encore en cours, selon les houthistes.
Depuis, le bilan des bombardements n’a cessé de s’élever. « Le bilan de l’attaque (…) est monté à 74 martyrs et 171 blessés », a écrit sur X le porte-parole du ministère de la santé de l’administration houthiste, Anees Alasbahi, en affirmant que les opérations de secours se poursuivaient. La chaîne des rebelles, Al-Massirah, a diffusé vendredi des images nocturnes montrant des corps maculés de sang et gisant au sol, tandis que des secouristes transportaient des hommes blessés sur des civières, dont l’un présentait des brûlures aux bras et aux jambes.
Par ailleurs, des images satellite de Planet Labs analysées vendredi par l’agence de presse américaine Associated Press montrent les dégâts au port de Ras Issa [🚩], tenu par les rebelles yéménites, et du pétrole qui s’écoule dans la mer Rouge.
Les houthistes, qui promettent de poursuivre leurs attaques malgré les frappes américaines, affirment avoir tiré des missiles en direction d’Israël et de deux porte-avions américains. « La mobilisation militaire américaine et la poursuite de l’agression contre notre pays ne feront qu’augmenter les opérations », a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, durant une importante manifestation dans la capitale yéménite, Sanaa. Des centaines de personnes ont aussi manifesté aux cris de « Mort à l’Amérique, mort à Israël » dans le fief des rebelles, à Saada (dans le nord du pays).
Toucher les « sources économiques du pouvoir des houthistes »
L’Iran, qui soutient les houthistes, a condamné ces frappes « barbares », vendredi, en dénonçant « un exemple de crime (…) et une violation flagrante des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies ».
Le Hamas a dénoncé « une agression flagrante », qui « confirme que se poursuivent les politiques américaines agressives visant les peuples libres qui rejettent l’hégémonie sioniste et américaine dans la région ».

Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) avait expliqué, jeudi, que « l’objectif de ces frappes était de s’en prendre aux sources économiques du pouvoir des houthistes ». « Les Etats-Unis ont pris [ces] mesures afin d’éliminer cette source d’hydrocarbures pour les terroristes houthistes, soutenus par l’Iran, et les priver du revenu illégal qui a financé [leurs] actions pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans », a ajouté le Centcom.
Washington, qui a désigné les houthistes comme organisation terroriste étrangère au début de mars, accuse ceux-ci de détourner et de s’approprier les revenus de ce port, sur la mer Rouge. « Ces hydrocarbures devraient être fournis de manière légitime aux habitants du Yémen », souligne le Centcom.
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Jeudi, Washington a imposé des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien jugé « essentiel » aux houthistes.
Un drone détruit par une frégate française
Les Etats-Unis cherchent à les empêcher de mener des attaques contre des navires empruntant la mer Rouge, et Donald Trump a fait, à la mi-mars, intensifier ces frappes. Les houthistes ont commencé à attaquer Israël et les navires qui lui sont liés au large du Yémen après le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.
Les houthistes contrôlent de vastes régions du Yémen en guerre. Ils ont accusé, mercredi, les Etats-Unis d’avoir mené plusieurs frappes aériennes contre la capitale Sanaa, où une personne a été tuée, selon eux.
Les attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ont poussé les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni. Jeudi soir, le ministre de la défense français, Sébastien Lecornu, a annoncé la « destruction par une frégate française d’un drone tiré depuis le Yémen ». « Nos armées continuent leur engagement pour garantir la libre circulation maritime », a-t-il ajouté, sur X.