A chacun son trophée. Vivendi a clôturé jeudi 7 mars la publication des résultats pour l’année 2023 des multinationales composant l’indice CAC 40, un millésime auréolé d’une nuée de records : profits pour TotalEnergies, Veolia, Renault, Schneider ou Stellantis ; carnet de commandes pour Schneider ou Thales ; marges pour Hermès, Renault ou L’Oréal. Même si Kering déplore une « année difficile pour le groupe », globalement, les champions français ont brillé.
En cumul, les 38 entreprises du CAC 40 qui ont publié leurs comptes ces dernières semaines – Alstom et Pernod Ricard ayant un exercice décalé – ont dégagé un bénéfice net record : 153,6 milliards d’euros contre 142 milliards en 2022, somme qui avait elle-même marqué un plus haut historique, selon les données compilées par la fintech Scalens.
« Il aura fallu aux entreprises du CAC 40 plus de dix ans après la crise financière de 2008 pour franchir la barre des 100 milliards d’euros par an. La crise due au Covid leur a permis de crever ce plafond de verre. Et depuis, elles parviennent à maintenir des niveaux de profits élevés », souligne Arnaud Girod, responsable de la recherche économique et de la stratégie chez Kepler Cheuvreux. Pas étonnant dès lors si, jeudi, dans un contexte d’envolée des Bourses mondiales, l’indice CAC 40 a clôturé au-dessus de 8 000 points, pour la première fois de son histoire.
Les actionnaires peuvent se frotter les mains. Les dividendes alloués au titre de 2023 – qui seront distribués en 2024 – représentent en cumulé 67,8 milliards d’euros (contre 67,5 milliards en 2022). Surtout, ces coupons sont complétés par 30,1 milliards d’euros (24,6 milliards en 2022) de rachats d’actions qui se popularisent en France malgré les condamnations politiques. A l’automne, lors des discussions sur le projet de loi de finances 2024, des députés allant de Renaissance à La France insoumise, en passant par le MoDem et le Parti socialiste, avaient déposé des amendements pour taxer dividendes ou rachats d’actions.
A la veille des élections européennes
Le 22 mars 2023, lors d’une interview télévisée en plein débat sur la réforme des retraites, le président Emmanuel Macron avait lui-même dénoncé le « cynisme à l’œuvre » de ces groupes « qui font des revenus tellement exceptionnels qu’ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions », promettant la mise en œuvre d’une taxe pour que les « travailleurs puissent profiter » de cet argent.
Cette ponction n’ayant jamais vu le jour, les records de 2023 ne devraient pas manquer de raviver, en pleine campagne des élections européennes, le débat sur un partage équitable de la valeur. D’autant que le numéro un des profits, totem habitué aux controverses, TotalEnergies (19,3 milliards d’euros), est talonné par un Stellantis en mode turbo (18,6 milliards), piloté par le chantre de la délocalisation, Carlos Tavares, patron le mieux payé du CAC 40 qui s’est vu alloué au titre de 2023 une rémunération de 36,5 millions d’euros.
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