
Emmanuel Macron a menacé l’Iran, jeudi 7 juillet, de « mesures de rétorsion » s’il maintient l’inculpation pour espionnage au profit d’Israël contre les deux Français détenus à Téhéran. « La réponse ne se fera pas attendre », a prévenu le président français, qui a annoncé son intention d’en parler prochainement avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian.
Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis plus de trois ans, sont inculpés d’« espionnage pour le Mossad », le service de renseignement extérieur israélien, de « complot pour renverser le régime » et de « corruption sur terre », avaient déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) mercredi une source diplomatique occidentale et l’entourage des détenus. Chacun de ces trois chefs d’inculpation est passible de la peine de mort.
Jusqu’à présent, l’Iran a affirmé que les deux Français étaient accusés d’espionnage mais il n’a jamais précisé pour quel pays. Téhéran n’a pas encore confirmé si de nouvelles accusations avaient été portées contre eux.
De tels chefs d’accusation sont une « provocation à l’égard de la France » et un « choix inacceptable d’agressivité », a fustigé Emmanuel Macron. « Je pourrais dire simplement que c’est fantaisiste si ce n’était pas criminel ». M. Macron n’a pas précisé la nature des « mesures de rétorsion » envisagées.
La menace d’un « snapback »
Plus tôt, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, avait rappelé l’existence d’un levier que Paris pouvait activer. « Nous l’avons toujours dit à nos interlocuteurs du régime iranien : la question de décisions éventuelles sur des sanctions sera conditionnée au règlement de ce problème, de ce différend majeur », avait-il déclaré.
Face à la politique iranienne d’enrichissement d’uranium, les pays occidentaux menacent régulièrement Téhéran d’un « snapback », mécanisme qui permet de réimposer des sanctions internationales, allégées dans le cadre d’un accord conclu en 2015. Cet accord signé à Vienne avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) prévoyait d’encadrer le programme nucléaire iranien, en contrepartie d’un allègement des sanctions internationales.
Selon la résolution du Conseil de sécurité, les Etats « participants » ont la possibilité de dénoncer unilatéralement un « non-respect notable » de ses « engagements » par un autre signataire, une procédure inédite censée permettre d’aboutir, au terme de 30 jours, au rétablissement, ou « snapback », des sanctions internationales contre Téhéran qui avaient été levées en échange de sa promesse en matière atomique.
Le sort de Cécile Kohler, professeure de lettres de 40 ans originaire de l’est de la France, et de son compagnon, Jacques Paris, 72 ans, inquiète. Ils étaient encore récemment détenus dans la prison d’Evine, touchée le 23 juin par des frappes israéliennes.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
La Française a été transférée à la hâte avec d’autres prisonniers à la prison de Qarchak, où elle est restée 24 heures, a déclaré mercredi à l’AFP sa sœur Noémie, en se basant sur le compte rendu d’une visite consulaire d’un diplomate français mardi au pénitencier de Bozorg, dans le sud de Téhéran. Puis, « on lui a bandé les yeux et on l’a emmenée dans un autre lieu de détention qu’on ne connaît pas ». Jacques Paris a, lui, été transféré dans un lieu également inconnu, « tout seul dans une cellule ».