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Antoine de Maximy a eu du mal à dormir chez eux

by Marko Florentino
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Le journaliste Antoine de Maximy dans son émission « J’irai dormir chez vous » tournée en Algérie.

« Pourquoi autoriser quelqu’un qui vient faire une émission dont le nom est “J’irai dormir chez vous” pour, au final, le lui interdire et donner une image détestable d’un Etat policier où les gens ont peur ? C’est vraiment l’art de transformer un bon coup de pub pour le tourisme en son contraire », s’indigne un journaliste algérien, sous couvert d’anonymat, après la diffusion, vendredi 8 mars, de la célèbre émission de voyage présentée par Antoine de Maximy.

Même si le journaliste globe-trotter était le bienvenu en Algérie, le tournage de l’épisode, en septembre 2023, n’a pas toujours été une partie de plaisir. Diffusée sur RMC Découverte, l’émission a suscité un torrent de commentaires indignés, la plupart déplorant le « flicage » dont le reporter en chemise rouge a fait l’objet lors de ses déplacements dans le pays.

La surveillance d’Antoine de Maximy a été particulièrement étroite à Ghardaïa, ville située à 600 km au sud d’Alger, dans la vallée du Mzab. « Maintenant, si je veux aller chez quelqu’un, je peux ? », finit par demander l’animateur, à la nuit tombée, au policier en civil qui l’a suivi toute la journée. « Non », répond l’agent, bras croisés, en secouant la tête. « Mais si… », supplie l’animateur. « Interdit », tranche le fonctionnaire en souriant.

Quand, la veille, le journaliste avait trouvé un couple prêt à l’accueillir, le même policier était intervenu directement pour mettre fin à l’échange. « Il voulait absolument qu’il ne m’arrive rien, parce que, évidemment, ça aurait fait mauvais genre […] C’était vraiment pour me protéger », justifie Antoine de Maximy. Mais le procédé a choqué les téléspectateurs et les internautes.

Pourtant, l’émission, apolitique, avait de quoi rassurer, surtout pour un gouvernement qui espère attirer des touristes, notamment dans le Grand Sud. « Gageons qu’avec l’hospitalité légendaire des Algériens, Antoine de Maximy ne dormira certainement pas à la bonne étoile », affirmait en septembre le journal francophone El Watan. Las, c’est à l’hôtel que le reporter a dû passer le plus clair de ses nuits.

« Une occasion ratée »

Sous le titre faussement interrogatif « Le Français Antoine de Maximy a porté atteinte à l’image de l’Algérie à dessein ? », le site Algérie Patriotique, propriété du fils de l’ancien ministre de la défense Khaled Nezzar, reproche au reporter d’avoir sciemment sélectionné des séquences qui montrent « un visage hideux et rébarbatif d’un pays qui serait inhospitalier et d’un Etat policier qui fliquerait tout ce qui bouge ». Bref, « une occasion ratée de traduire par les images et le contact humain le véritable tempérament des Algériens, connus pourtant pour leur aménité, contrairement à la mauvaise réputation que certains cercles malveillants leur ont collée ».

Le site va plus loin en soupçonnant le journaliste français d’avoir « terni l’image de l’Algérie pour le compte du Makhzen », en d’autres termes le pouvoir royal marocain. Le reporter avait déclaré, par le passé, que le Maroc était le pays où il avait été le mieux accueilli. Après la diffusion de l’épisode algérien, les médias du royaume chérifien, notamment ceux réputés proches du régime, comme Le360, ne se sont d’ailleurs pas privés de moquer le « schmilblick sécuritaire, un mélange de la Securitate et de la Stasi communistes », auquel a fait face le journaliste. Oubliant au passage que les autorités algériennes n’ont pas le monopole de la surveillance des journalistes…

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Au bout du compte, Antoine de Maximy passera seulement une nuit chez l’habitant, en Kabylie. Son hôte, Daoud Baraka, un retraité du groupe pétrolier Sonatrach à l’humour malin, lui montre, de son nid d’aigle à Aïn El Hammam, les vergers transformés en zone interdite par l’armée française pendant la guerre d’indépendance et lui parle de la torture et des morts « pour la révolution », formule habituelle en Algérie qui surprend le reporter. « Le peuple algérien ne peut pas oublier », dit ce retraité que les internautes algériens ont adoubé comme le porteur de l’image la plus positive du pays dans l’émission. L’animateur de « J’irai dormir chez vous » aura aussi droit à une sieste à domicile à Djanet (sud-est), ville proche de la Libye.

Pour Abdallah Benadouda, animateur de Radio Corona International, une web radio pirate lancée sur les réseaux sociaux durant le Hirak, l’émission, qui a cartonné en Algérie, est finalement « proche de notre réalité : des gens accueillants, beaucoup de constructions hideuses et des flics qui empêchent un pays ».

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