La réponse de Moscou aux déclarations du mardi 19 mars du Comité international olympique (CIO) était attendue ; elle a été cinglante. Mercredi matin, la diplomatie russe a accusé l’instance basée à Lausanne (Suisse) de « basculer dans le racisme et le néonazisme ». Des propos d’une rare virulence en réaction aux critiques formulées la veille par le CIO sur la « politisation du sport » par la Russie à travers l’organisation des Jeux de l’amitié, une compétition concurrente des Jeux olympiques (JO) que Moscou veut réhabiliter en septembre.
Le CIO l’a qualifiée, mardi, de « tentative cynique » d’exploiter les sportifs « à des fins de propagande politique ». Dmitri Peskov a peu goûté la critique. Mercredi, le porte-parole du Kremlin a rendu responsable le CIO de « détruire l’idéal de l’olympisme » et l’accuse de « porter atteinte aux intérêts des athlètes olympiques ». La Russie s’est par ailleurs dite « scandalisée par les conditions discriminatoires sans précédent imposées par le CIO aux athlètes russes », au lendemain de nouvelles restrictions édictées par ce dernier.
Mardi, le patron du sport mondial a en effet exclu les sportifs russes et biélorusses du défilé des délégations prévu sur la Seine le 26 juillet lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Il y a moins de deux semaines, le Comité international paralympique avait adopté une position similaire pour la cérémonie de ses Jeux. Le CIO a également pris un ensemble de mesures pour s’assurer de la neutralité des champions des deux pays : un comité d’examen composé de trois membres du CIO sera chargé de vérifier l’admissibilité des athlètes qualifiés, les médailles obtenues ne seront pas comptabilisées dans le classement des nations (le maître étalon de la puissance sportive des pays), un drapeau et un hymne neutres seront utilisés en cas de titre ou de podium des athlètes concernés.
Ces nouvelles restrictions viennent renforcer le cadre de neutralité fixé par le CIO début décembre 2023 comme condition sine qua non de la participation des Russes et des Biélorusses aux compétitions olympiques. Il était déjà demandé à ces athlètes de ne pas soutenir ou avoir soutenu la guerre en Ukraine et de n’avoir aucun lien avec l’armée. « Les décisions du CIO sont illégales, injustes et inacceptables », a réagi mercredi la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova.
« Un symbole fort »
Très détériorées depuis la mise au ban de la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine fin février 2022, les relations entre Lausanne et Moscou ont pris une tonalité belliqueuse depuis quarante-huit heures. Le président du CIO, l’Allemand Thomas Bach, a ainsi expliqué dans un entretien au Monde, publié le 19 mars, « que l’agressivité du gouvernement [russe] grandit de jour en jour, contre le CIO, contre les Jeux, contre [lui-même] ». « Cela va de “fasciste” à “destructeur des Jeux et du mouvement olympique” », a détaillé l’ancien escrimeur, interrogé sur les termes employés.
Il vous reste 56.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.