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Au procès de l’attentat de Strasbourg, un verdict lourd et un mobile insaisissable

by Marko Florentino
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L’espace d’un instant, Audrey Mondjehi a sans doute espéré qu’il échapperait à la lourde condamnation requise deux jours plus tôt par le ministère public : trente ans de réclusion criminelle. Avant de prononcer le quantum de sa peine, jeudi 4 avril, la présidente de la cour d’assises spéciale de Paris, Corinne Goetzmann, l’a en effet déclaré « non coupable » du crime le plus grave requis par l’accusation : la complicité d’assassinats terroristes.

Mais la cour a jugé que le principal accusé du procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg était coupable du second crime retenu par le Parquet national antiterroriste (PNAT) : l’association de malfaiteurs terroriste. Et, à cette différence d’analyse près, elle a prononcé la même peine que celle qui avait été requise : trente ans de réclusion, assortis d’une période de sûreté des deux tiers et d’une interdiction définitive du territoire français.

Audrey Mondjehi, un colosse de 42 ans, né en Côte d’Ivoire et arrivé en France à l’âge de 9 ans, petite vedette éphémère de la scène de rap alsacienne et délinquant chevronné, était jugé depuis cinq semaines pour avoir fourni plusieurs armes à un ami de quartier, Cherif Chekatt, dont le pistolet avec lequel ce dernier a assassiné cinq passants, le 11 décembre 2018.

Une « absence de remise en question »

Devant l’accusé, sans réaction visible dans son box, la magistrate a brièvement motivé son jugement : « La cour a estimé que la complicité d’assassinats terroristes n’était pas constituée, dès lors que vous n’aviez pas connaissance, en remettant le pistolet à Cherif Chekatt, de ce que cette arme serait utilisée le soir même pour la commission d’un attentat. »

Le crime d’association de malfaiteurs terroriste, lui, est bien plus large. Il suffit, pour qu’il soit constitué, que l’accusé ait eu conscience que l’auteur de l’attentat était radicalisé quand il lui a apporté son aide, sans avoir eu connaissance de ses projets. En raison de sa « proximité » avec Cherif Chekatt, la cour a estimé que l’accusé était nécessairement conscient de la radicalisation de ce dernier.

Voilà pour le cadre juridique. Pour justifier la sévérité de la peine, la présidente a relevé deux éléments. Tout d’abord, son lourd passé judiciaire : vingt-quatre condamnations « qui n’ont eu aucun effet dissuasif sur son parcours criminel ». Ensuite, son attitude durant ce procès, au cours duquel il a semblé faire preuve d’une « absence de toute remise en question sur ses agissements et leur portée ».

Inconsistance

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