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Capitale européenne de la culture, Bourges deviendra, en 2028, le cœur battant de la France

by Marko Florentino
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Yann Galut a le sourire espiègle de celui qui a réussi son coup et qui n’y croyait pas. « Enfin, je pensais tout de même qu’on avait une carte à jouer. Un trou de souris… » Polo noir, costume sombre, cocarde tricolore à la boutonnière, le maire (divers gauche) de Bourges peut pavoiser. Le 13 décembre 2023, il a obtenu ce sur quoi personne n’aurait misé un kopeck : faire de sa ville – après Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013 – la prochaine Capitale européenne de la culture de la France, en 2028.

Bourges, 64 000 habitants, industrie de la défense en berne, sans nœud ferroviaire et routier, préfecture de pas grand-chose, au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler la « diagonale du vide » qui, de la Meuse aux Landes, semble regrouper les territoires les moins peuplés, et de fait les plus déshérités, de l’Hexagone. « Ils n’ont pas voulu le train, l’université, les usines…, fustige, sévère, le président d’une association locale. Ville conservatrice, bourgeoisie militaire, cultivant l’entre-soi, Bourges, qui était la principale ville du Centre-Loire au début du siècle dernier, a tout vu partir sur Tours et Orléans… » De la capitale historique du Berry, qui brillait de mille feux jusqu’au XVe siècle, recueillant à l’ombre de sa cathédrale les princes en exil et les érudits de tout poil dans une des plus grandes universités du royaume, il ne reste que la beauté de ses rues humides sous un ciel d’hiver.

Enfant du pays, 57 ans, ancien avocat, militant de SOS-Racisme puis député socialiste, Yann Galut reçoit dans son bureau de maire. Derrière lui, le buste d’une Marianne noire au poing levé, acheté dans une galerie de la ville à l’été 2023 : « Si je voulais remettre Bourges sur la carte de France, affirme-t-il, la seule possibilité était de faire le pari de la culture. »

« Le lieu de l’émergence »

Septembre 2017. Vice-président à la culture au conseil départemental – il vient de perdre son mandat de député –, Yann Galut est invité à déjeuner dans un restaurant italien du centre-ville par le président et le directeur de l’historique Maison de la culture de Bourges, la première à avoir été inaugurée par André Malraux, en 1963. Celle-ci nécessitait de nouveaux locaux. Après six ans de controverses et de retards, les travaux démarrent enfin. Il faut profiter de l’élan, plaident-ils : « Avez-vous entendu parler de la Capitale européenne de la culture ? » A la mairie, on n’a pas compris cette étonnante question. Yann Galut, si… Et quand, deux ans plus tard, il part à l’assaut de l’hôtel de ville, il la place au cœur sa campagne. Et gagne.

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