Entre Paris, Toulouse, Londres, Melbourne ou Miami, depuis 2007, l’exposition « Art of the Brick » présente une collection de sculptures et de reproductions de tableaux en Lego. Elle offre aussi une belle collection d’adultes qui ne s’embarrassent plus de la compagnie d’un enfant pour aller admirer ces installations. On y croise également des familles dont les parents traînent devant chaque œuvre en prenant note du nombre de briques utilisées et du temps de construction, tandis que leurs gamins chouinent comme dans une expo de peinture flamande en demandant quand est-ce qu’on va à l’Accrobranche.
Ce phénomène trouve un écho dans les boutiques Lego, où l’on compte hors saison plus d’adultes que d’enfants. Un article du Wall Street Journal expliquait, début avril, que les grandes personnes représentent désormais une mine d’or pour la marque : l’âge adulte dure plus longtemps que l’enfance, les grands enfants ont l’avantage de ne pas changer de centre d’intérêt tous les trois mois et disposent en outre de plus d’argent de poche.
En France, 80 % des « sets » qui coûtent plus de 200 euros sont des modèles « pour adultes » (avec des packagings noirs et sérieux comme des déodorants pour hommes) ; cette gamme a été lancée en 2020.
A quoi on les reconnaît
Ils ont attendu avec impatience la naissance de leurs enfants pour les initier aux Lego. Ils n’ont pas réussi à partager leur passion autant qu’ils aimeraient. Ils interdisent à leurs rejetons de revendre leurs Lego ou leurs Kapla dans les vide-greniers.
Ils connaissent toujours suffisamment d’adultes un peu plus fêlés qu’eux – ceux chez qui les boîtes sont encore sous emballage ou ceux chez qui les enfants doivent remettre les pièces dans les boîtes d’origine sans les mélanger – pour se persuader qu’ils ont, eux, un rapport assez normal aux briques en plastique.
Ils connaissent par cœur le nombre de pièces des principaux kits. Ils n’arrondissent pas : ils disent quatre mille quarante-neuf pièces, pas quatre mille. Ils trouvent les petites expos locales de construction de Lego bien plus « dans l’esprit de la brique » qu’« Art of the Brick ».
Ils peuvent parler de « moc » (my own construction, « ma propre construction ») ou de « technique illégale de construction ». Ils aiment bien l’expression AFOL (adults fans of Lego), qui désigne une communauté, mais pas celle de « kidults » (contraction de kid et adults), qui désigne un marché. Ils ne comprennent pas les adultes qui ont des passes Disney à l’année.
Comment ils parlent
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