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Dans la bande de Gaza, la guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas ne connaît pas de répit, mardi 21 mai, au lendemain de l’annonce des mandats d’arrêt requis à la Cour pénale internationale (CPI) contre des dirigeants israéliens et des dirigeants du mouvement islamiste palestinien pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés.
A ce jour, le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, a recensé 35 647 morts depuis le début de la guerre. En vingt-quatre heures, la mort de 85 personnes supplémentaires a été recensée, selon un communiqué du ministère, qui fait état par ailleurs de 79 852 blessés. Les violences meurtrières ont également gagné la Cisjordanie où l’armée israélienne a dit mener une nouvelle opération dans la ville de Jénine, bastion de groupes armés palestiniens luttant contre l’occupation israélienne.
L’UNRWA suspend ses distributions alimentaires à
Rafah
L’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a annoncé suspendre ses distributions de nourriture à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, théâtre de combats entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
« Suite à l’opération militaire [israélienne] en cours dans l’est de Rafah », depuis le 7 mai, « le centre de distribution de l’UNRWA et l’entrepôt du PAM », le programme alimentaire mondial, « tous deux situés à Rafah, sont désormais inaccessibles », affirme l’agence sur X. « Les distributions de nourriture sont actuellement suspendues en raison du manque de fournitures et de l’insécurité » dans la ville, a fait savoir l’agence.
Sept personnes tuées en Cisjordanie
L’Autorité palestinienne a annoncé mardi matin que sept personnes avaient été tuées par des tirs israéliens à Jénine, ville du nord de la Cisjordanie occupée. L’armée israélienne avait communiqué un peu plus tôt sur son compte Telegram, sans plus de précisions, que des forces israéliennes avaient « commencé une opération antiterroriste à Jénine en attaquant des hommes armés dans la zone ».
L’agence officielle palestinienne WAFA a identifié l’un des morts comme Oussaïd Jabarine, chirurgien à l’hôpital gouvernemental de la ville. Parmi les morts figurent également un instituteur et un mineur, écolier ou collégien, selon les informations de l’agence.
Frappe meurtrière à Beit Lahya, et le camp d’Al-Boureij ciblé
Mardi matin, la défense civile a fait état de trois morts après une frappe aérienne israélienne ayant touché la maison de la famille Al-Kahlout à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Des témoins ont rapporté des tirs de l’artillerie israélienne dans plusieurs secteurs de Jabaliya.
Dans le centre du territoire palestinien, des frappes aériennes ont ciblé le camp d’Al-Boureij, selon des témoins. Et dans le Sud, des navires de guerre israéliens ont tiré sur des cibles à Khan Younès, alors que des médecins de l’hôpital européen ont fait état de plusieurs blessés après une frappe aérienne ayant touché la maison de la famille Abu Tir.
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L’armée israélienne a pour sa part communiqué que ses avions avaient frappé environ 70 cibles au cours des dernières vingt-quatre heures dans la bande de Gaza, disant avoir « éliminé plusieurs » combattants dans le Sud, le Centre et à Jabaliya, dans le nord du territoire palestinien.
A Jabaliya, l’Organisation mondiale de la santé a rapport que l’hôpital Al-Awda était « assiégé » depuis deux jours, et que 170 patients et membres du personnel y étaient bloqués, signalant des tirs de snipers et un impact de roquette.
Après avoir saisi des équipements de l’agence américaine Associated Press, Israël se ravise
Des responsables israéliens ont saisi mardi une caméra et du matériel de diffusion appartenant à l’Associated Press (AP) dans le sud d’Israël, accusant l’agence de presse de violer une nouvelle loi sur les médias en fournissant des images à Al-Jazira, chaîne qatarie fermée en Israël.
« L’Associated Press condamne dans les termes les plus fermes les actions du gouvernement israélien visant à couper notre diffusion en direct de longue date montrant une vue sur Gaza et à saisir l’équipement de l’AP », avait déclaré Lauren Easton, vice-présidente des communications d’entreprise de l’Agence, sur X, .
La porte-parole de la Maison Blanche a jugé mardi « évidemment préoccupant » qu’Israël a coupé le direct vidéo de l’agence américaine Associated Press (AP) sur Gaza. « Nous allons nous pencher [sur ce sujet] », a déclaré Karine Jean-Pierre. Reporters sans frontières a dénoncé une « censure éhontée » tandis que l’ONU a jugé la décision israélienne choquante.
Mais le ministre des communications israélien, Shlomo Karhi, a annoncé mardi soir dans un communiqué que l’Etat hébreu revenait sur sa décision : « Etant donné que le ministère de la défense souhaite examiner la question des diffusions [réalisées de la ville de Sdérot, toute proche de la bande de Gaza,] et le risque pour nos forces, j’ai ordonné d’annuler l’opération et de rendre l’équipement à l’agence AP [jusqu’à ce que le ministère de la défense se prononce]. »
Le ministre de la défense israélien juge la requête du procureur de la CPI « ignoble »
« La tentative du procureur de la CPI, Karim Khan, de renverser la situation n’aboutira pas. Le parallèle qu’il a établi entre l’organisation terroriste Hamas et l’Etat d’Israël est ignoble », a déclaré Yoav Gallant dans un communiqué, en référence aux mandats d’arrêt demandés également contre des dirigeants du mouvement islamiste palestinien. « La tentative du procureur Karim Khan de refuser à l’Etat d’Israël le droit de se défendre et d’assurer la libération des otages retenus à Gaza doit être rejetée explicitement », a poursuivi M. Gallant.
Lundi, le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré avoir demandé des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que « le fait d’affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel » et « extermination et/ou meurtre ». Le procureur de la CPI a aussi demandé des mandats contre trois hauts responsables du Hamas – Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif et Yahya Sinouar – pour notamment « extermination », « le viol et d’autres formes de violence sexuelle » et « la prise d’otages en tant que crime de guerre » liés à l’attaque du mouvement islamiste, le 7 octobre 2023 en Israël.
De hauts responsables israéliens, parmi lesquels le président Isaac Herzog, ont critiqué la démarche du procureur de la CPI. La droite et l’extrême droite française ainsi que l’Italie partage cette critique.
« Les conditions de vie continuent de se détériorer », rapporte l’ONU
« Franchement, nous manquons de mots pour décrire ce qui se passe à Gaza. Nous l’avons décrit comme une catastrophe, un cauchemar, un enfer sur terre. C’est tout cela, et pire encore », a résumé lundi Edem Wosornu, directrice des opérations pour le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), devant le Conseil de sécurité de l’ONU. « Les conditions de vie continuent de se détériorer en raison des combats intenses, en particulier à Jabaliya et dans l’est de Rafah, ainsi que des bombardements israéliens depuis les airs, la terre et la mer », selon Mme Wosornu.
Elle a souligné que 1,1 million de personnes dans la bande de Gaza font face à des « niveaux de faim catastrophiques ». « Depuis octobre 2023, 75 % de la population de [la bande de] Gaza – soit 1,1 million de personnes – a été déplacée de force à l’intérieur de Gaza, beaucoup jusqu’à quatre ou cinq fois, notamment en raison des appels répétés à évacuer émis par l’armée israélienne », a-t-elle ajouté.