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Alors que son mandat à la présidence du Conseil national de l’ordre des architectes arrive à son terme le 13 juin, Christine Leconte appelle à réparer la ville, et notamment à repenser les lotissements qui ont poussé depuis les années 1970 sans pensée urbaine. Après avoir copiloté le groupe de travail du Conseil national de la refondation Logement, « Faire du logement l’avant-garde de la transition écologique », elle porte le principe d’une « densification douce » auprès du ministre délégué au logement, Guillaume Kasbarian. Cette mesure, qui doit permettre de développer l’offre, constitue l’un des axes du projet de loi en faveur du logement abordable, examiné par le Sénat à compter du 18 juin.
Entre la loi sur le « zéro artificialisation nette » des sols, les efforts de revitalisation des centres-villes et de transformation des zones commerciales, assiste-t-on à une rupture en matière d’aménagement du territoire ?
Après-guerre, nous avons d’abord eu besoin de construire. Il y a eu de grandes politiques publiques – les grands ensembles, puis la maison individuelle dans les années 1970 – et ces choix, notamment par le biais de la défiscalisation, ont créé le paysage français. De manière pas toujours maîtrisée, on a laissé libre cours aux constructeurs. On s’étalait sur les champs, c’était la ville facile, cette époque est révolue. Nous devons aujourd’hui réparer cette ville.
Quelles évolutions de notre paysage urbain ont été dommageables ?
Lorsque la population a eu envie d’avoir un peu plus grand, une vraie cuisine, un jardin, les cœurs de ville ont été progressivement délaissés au profit de ces constructions neuves, sources de modernité. Et là s’est produit un basculement : on a laissé ce bâti de centre-ville biscornu se dégrader, pour s’installer en proche circonférence en construisant ces pavillons. Progressivement s’est constitué le périurbain.
Mais, ce développement des lotissements s’est fait sans projet, sans penser le positionnement de ces maisons, leur orientation en fonction du terrain, ce fut au libre choix des acquéreurs du terrain. Aujourd’hui, un des plus gros problèmes, ce sont les retraits-gonflements des argiles [qui fissurent les maisons], qui concernent beaucoup de lotissements posés, comme ça : en construisant des maisons sans étude de sol préalable, on ne fait pas les bonnes fondations.
Ces lotissements ont poussé tout seuls ?
Aujourd’hui, on hérite de cette ville, sans pensée urbaine, qui s’est faite à l’opportunité, lorsque, par exemple, des agriculteurs, souvent au moment de leur départ à la retraite, ont légitimement décidé de céder leurs parcelles. Le vendeur a fait appel à un géomètre et à un aménageur qui découpent le terrain en un maximum de lots. Ce qui marchait bien dans ces cas-là, c’est l’impasse avec un rond-point au bout et toutes les maisons autour. Cela ne permet pas de créer de la « ville ».
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