A défaut de pouvoir exprimer son talent sur les pelouses, en raison de sa suspension pour quatre ans pour dopage prononcée en février par l’organisation nationale antidopage italienne, le footballeur international français Paul Pogba, 31 ans, devrait occuper le terrain judiciaire ces prochains mois. Comme l’a révélé l’Agence France Presse, mercredi 12 juin, le parquet de Paris a rendu son réquisitoire définitif dans le cadre de l’information judiciaire ouverte sur la tentative d’extorsion dont Paul Pogba dit avoir été victime.
Dans son réquisitoire de 77 pages, dont Le Monde a pris connaissance, le ministère public a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de six prévenus, dont le frère aîné de Paul Pogba, Mathias, 33 ans, ex-footballeur professionnel à la carrière modeste.
Placé en garde à vue en septembre 2022, après l’audition de son frère cadet par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre le crime organisé chargés de l’enquête dite « Penalty », Mathias Pogba a été ensuite mis en examen et placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté en décembre 2022.
Le parquet reproche notamment à Mathias Pogba d’avoir, à l’été 2022, « obtenu ou tenté d’obtenir par violences, menaces de violences ou contrainte, la remise de fonds, de valeurs ou d’un bien quelconque, en l’espèce de l’argent et des effets vestimentaires de valeur au préjudice notamment de Paul Pogba, en l’espèce notamment en le menaçant de rendre publics des éléments susceptibles de nuire gravement à sa carrière et à son image, en le menaçant de violences, susceptibles d’être exercées sur lui ou ses proches ».
Forcé d’éteindre son téléphone
Contactés, ni l’entourage de Paul Pogba – qui a déposé plainte en Italie à l’été 2022 et a été confronté aux prévenus en septembre 2023 –, ni son avocat, Me Pierre-Jean Douvier n’ont donné suite dans l’immédiat. L’avocat de Mathias, Me Richard Arbib, n’a pas répondu. Devant les magistrats instructeurs, en janvier 2024, Mathias Pogba a indiqué avoir été la « marionnette de tous » et avoir été « baladé de gauche à droite » dans ce dossier.
Les charges contenues dans le réquisitoire définitif sont lourdes : « extorsion », « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage pour faciliter un crime ou un délit, suivie de libération avant le 7e jour », « participation à une association de malfaiteurs ». Certains prévenus encourent une peine maximale de dix ans de prison.
Aux enquêteurs, Paul Pogba a longuement décrit cette soirée du 19 mars 2022. Ce jour-là, en marge d’un rassemblement de l’équipe de France à Clairefontaine (Yvelines), le footballeur vient de passer plusieurs heures avec un ami d’enfance, Boubacar C., cité de la Renardière, à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), où il a grandi. Autour de minuit, alors qu’il s’apprête à regagner son hôtel parisien, Paul Pogba est conduit par d’autres copains du quartier, Adama C., Mamadou M., les frères Roushdane et Machikour K., jusqu’à un appartement à Montévrain (Seine-et-Marne).
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