
La lettre est prête. L’Elysée « s’apprête » à l’envoyer à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, afin de demander la reconduction de Thierry Breton au sein de l’exécutif communautaire. « C’est mon souhait, et je pense qu’il a l’expérience et les qualités pour », affirmait déjà le président français, Emmanuel Macron, à l’issue du Conseil européen du 27 juin, qui avait proposé d’offrir un second mandat à Ursula von der Leyen. Maintenant qu’elle a été investie à la tête de la Commission par le Parlement européen, le 18 juillet, Paris n’a aucune raison de traîner. D’autant que, « en attendant d’avoir un nouveau gouvernement, Macron a les mains libres », ajoute un haut fonctionnaire européen.
Pour Emmanuel Macron, qui échange souvent par SMS avec Thierry Breton, l’ancien ministre de l’économie de Jacques Chirac présente l’avantage d’être en phase avec son agenda de souveraineté européenne. Le reconduire, alors qu’il n’entretient pas les meilleures relations avec Mme von der Leyen, « c’est aussi, pour le président, un moyen de la marquer à la culotte », juge un diplomate européen. Si l’ex-ministre d’Angela Merkel s’est jusqu’ici montrée très francophile, elle pourrait en effet, au vu du résultat des élections européennes et à l’approche du scrutin fédéral allemand de 2025, être, à l’avenir, plus conservatrice et plus sensible aux desiderata de Berlin que lors de son premier mandat.
Au Parlement européen, la France a perdu de son influence. Les macronistes y ont vu leurs bataillons fondre de 40 % et le Rassemblement national (RN), bridé par le cordon sanitaire, représente plus du tiers des troupes hexagonales à Strasbourg. Les Français n’ont plus que deux présidences de commission parlementaire : Aurore Lalucq (Place publique) aux affaires économiques et Mounir Satouri (Verts) à la sous-commission des droits de l’homme.
Le groupe politique libéral, Renew, que préside la macroniste Valérie Hayer, participe certes toujours à la majorité parlementaire sur laquelle s’appuie Mme von der Leyen pour faire voter ses propositions législatives. Mais le rapport de force y est plus favorable à ses alliés sociaux-démocrates (S&D) et surtout chrétiens-démocrates du Parti populaire européen (PPE), qui portent un programme anti-pacte vert et pro-business.
Pièce essentielle de l’influence française
La percée de l’extrême droite, qui peut offrir au PPE une majorité alternative, fragilise encore un peu plus Renew. De fait, les libéraux sont aujourd’hui à la cinquième place au sein de l’hémicycle européen, derrière le PPE, les S&D, Les Patriotes, où siège le RN, et les Conservateurs et réformistes européens, dominés par Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni.
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