« Ce qui se passe à Gaza est totalement inhumain », dénonce Marwan El-Hennawy, directeur des programmes du JHCO, l’acronyme anglais de l’organisation de charité jordanienne hachémite, bras humanitaire du royaume. Celle-ci est, avec l’armée, au cœur du dispositif jordanien pour envoyer de l’aide à Gaza, par voie de terre ou, de façon plus spectaculaire, par les airs. Le parachutage de cargaisons, fin février, sur la côte de Gaza a été très médiatisé. Le roi Abdallah II lui-même a pris part à la manœuvre.
Aux cargos militaires jordaniens s’est joint un appareil français, lundi 26 février, puis, le lendemain, des avions égyptiens et émiratis. Les sourires des enfants, au milieu d’une foule survoltée sur la plage, ont suscité une forte émotion sur la toile proche-orientale. Un petit nombre de cargaisons a fini en mer, à quelques dizaines de mètres du rivage, et des habitants l’ont récupérée à la nage. Quelques colis sont également tombés côté israélien.
Pour la première fois, l’aide décollant de Jordanie était destinée « directement à la population ». L’opération est censée répondre aux frustrations suscitées par le blocage de l’aide terrestre par les autorités israéliennes. Mais, à Gaza, des Palestiniens se sont insurgés contre ce qu’ils estiment être une mascarade.
« Ils nous jettent à manger comme on le fait pour des poules ou pour des chiens qui vont ensuite s’entretuer pour un bout d’os. C’est de l’humiliation. Nous ne sommes pas des animaux », s’indigne un journaliste palestinien, joint à Rafah. « Alors que les convois sont empêchés d’entrer, il fallait réagir en envoyant de l’aide », répond Marwan El-Hennawy, du JHCO, tout en reconnaissant que la quantité d’aide qui peut être acheminée par avion est minime par rapport aux transports terrestres.
Réparer une image écornée
Depuis novembre, la Jordanie a réalisé une dizaine d’opérations de largages aériens sur l’enclave palestinienne. Cette aide était essentiellement destinée aux deux hôpitaux de campagne gérés par du personnel médical de l’armée jordanienne : l’un est situé dans la ville de Gaza, dans le nord, l’autre à Khan Younès, dans le sud. Les médicaments et les vivres parachutés ont également profité aux civils massés près de ces structures.
Ces opérations de largage sont soumises, comme les convois terrestres, à l’approbation de l’armée israélienne. La Jordanie, signataire d’un accord de paix avec Israël, entend donner à son opinion publique, ulcérée par le carnage en cours à Gaza, des gages de solidarité avec les Palestiniens. La population du royaume – y compris des opposants – soutient les largages aériens.
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