Les conséquences des fortes chaleurs en Arabie saoudite ont été dévastatrices. Mardi 18 juin, des diplomates arabes ont annoncé qu’au moins 550 pèlerins, dont au moins 323 Egyptiens, étaient morts en raison de la chaleur durant le hadj, le grand pèlerinage musulman dans l’ouest de l’Arabie saoudite.
Ce pèlerinage annuel, de vendredi à dimanche, s’est déroulé cette année encore en plein été dans l’une des régions les plus chaudes au monde, avec des températures atteignant les 51,8 °C à La Mecque, la ville la plus sainte de l’islam.
« Tous sont morts à cause de la chaleur », à l’exception d’un pèlerin qui a succombé après avoir été blessé lors d’un mouvement de foule, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’un des diplomates, ajoutant que le chiffre total provenait de la morgue d’un hôpital dans le quartier Al-Muaisem de La Mecque.
Selon un bilan établi par l’AFP, les chiffres des morts égyptiens portent cependant à 577 le nombre de décès durant le hadj signalés par différents pays qui, pour la plupart, ne précisent pas néanmoins le nombre exact de cas liés à la chaleur.
Le ministère égyptien des affaires étrangères a affirmé plus tôt mardi que des « opérations de recherche des Egyptiens portés disparus pendant le hadj » étaient en cours, en évoquant « un certain nombre de décès ».
Les autorités saoudiennes avaient affirmé dimanche avoir traité plus de 2 000 pèlerins souffrant de stress thermique, sans fournir d’informations sur des décès.
Au moins 60 Jordaniens sont également morts, ont indiqué les diplomates, alors que le ministère jordanien des affaires étrangères avait indiqué plus tôt mardi avoir délivré 41 permis d’inhumer pour enterrer des fidèles à La Mecque. Les autorités « suivent les procédures d’enterrement des pèlerins jordaniens décédés pendant le hadj après avoir souffert d’un coup de chaleur », avait ajouté le ministère.
0,4 °C en plus à La Mecque tous les dix ans
Le hadj, qui consiste en une série de rites codifiés qui se déroulent sur plusieurs jours au cœur de La Mecque et ses environs, est l’un des cinq piliers de l’islam. Tous les musulmans sont censés accomplir le hadj au moins une fois dans leur vie s’ils en ont les moyens. Certains attendent parfois des années pour avoir la chance de faire le voyage, les permis étant attribués chaque année par le royaume sur la base de quotas par pays.
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L’évènement subit de plus en plus les effets du changement climatique, a averti une étude saoudienne publiée en mai 2024 selon laquelle les températures sur les sites où se déroulent les rituels augmentent de 0,4 °C tous les dix ans.
Des journalistes de l’AFP à Mina, près de La Mecque, ont vu lundi des pèlerins se verser des bouteilles d’eau sur la tête alors que des bénévoles distribuaient des boissons fraîches et des glaces.
Les autorités saoudiennes ont conseillé aux fidèles d’utiliser des ombrelles, de boire beaucoup et d’éviter de s’exposer au soleil durant les heures les plus chaudes de la journée, mais de nombreux rituels se font dehors et en pleine journée.
Certains pèlerins ont dit avoir vu des corps gisant sur le bord de la route et des ambulances semblant parfois débordées.
Plus de 1,8 million de pèlerins rassemblés
Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins tentent de participer au hadj sans autorisation officielle, ce qui leur interdit l’accès aux installations climatisées.
Selon un des diplomates interrogés par l’AFP, le bilan des morts égyptiens a été considérablement alourdi par la présence de pèlerins qui n’étaient pas munis de ces autorisations.
Ces pèlerins « ont été sans nourriture, sans eau ou air conditionné pendant longtemps », a indiqué un responsable égyptien supervisant le pèlerinage pour son pays. Ils sont morts « en raison de la chaleur parce que la plupart d’entre eux n’avaient nulle part » où s’abriter, selon lui.
Plusieurs autres pays ont annoncé des morts cette année, comme la Tunisie, l’Indonésie, l’Iran ou le Sénégal.
Environ 1,8 million de fidèles ont pris part au hadj cette année, dont 1,6 million venus de l’étranger, selon les autorités saoudiennes. Rassemblés au cœur de la mosquée Al-Haram (ou la Grande Mosquée), les pèlerins accomplissent d’abord le rite du tawaf, qui consiste à tourner autour de la Kaaba, la structure cubique noire vers laquelle les musulmans du monde entier se dirigent pour prier. Ils passent ensuite la nuit dans des tentes climatisées à Mina, une vallée surplombée de montagnes rocheuses située à quelques kilomètres de La Mecque.
Selon le porte-parole du ministère de la santé saoudien, Mohammed Al-Abdulali, plus de 10 000 cas de maladies liées à la chaleur ont été recensés l’année dernière. Après le drame de 2015, lorsqu’une gigantesque bousculade avait causé la mort de 2 300 personnes, les autorités ont procédé à d’importants aménagements, notamment à la mosquée Al-Haram, dont les travaux d’agrandissement devraient s’achever en 2025.