
Enfin, il est possible d’admirer les collections européennes du Metropolitan Museum de New York. Les salles concernées ont été fermées six années, officiellement pour refaire l’éclairage moyennant 150 millions de dollars (environ 140 millions d’euros), mais aussi pour exposer sous un jour nouveau l’art européen.
En mélangeant les œuvres de différentes origines et époques, le directeur du musée, l’Autrichien Max Hollein, 54 ans, cherche à faire sortir l’Europe de son ethnocentrisme pour mieux poser la question : « Qu’est-ce que l’Europe ? »
La visite des quarante-cinq salles commence par la collection de peintures du Greco (1541-1614), la plus importante hors d’Espagne, entourée de Picasso et d’un Cézanne peints trois siècles plus tard. Il existe une salle sur l’art britannique face à l’Amérique, ou une autre consacrée à l’art espagnol dans l’empire du Mexique et du Pérou : né en Europe, réalisé dans le Nouveau Monde. A travers les galeries, les passages d’une culture à l’autre, d’une époque à la suivante, deviennent plus flous, se superposent. « L’idée qu’il y a de fortes lignes de démarcation entre les différentes cultures et les différents pays n’est manifestement pas vraie », explique Hollein.

Un renouveau pour le musée, moins visité depuis quelques années. Le Covid-19 a fait son œuvre, faisant chuter la fréquentation de son record de 7,3 millions en 2018 à 1,2 million en 2020 – elle a rebondi à 5,8 millions en 2023. Si les Américains sont revenus à 90 %, les touristes internationaux, notamment chinois, se font encore attendre et grommellent depuis que l’entrée est devenue obligatoirement payante (30 dollars).
« Pertinence universelle »
Au moins le musée, par la force des choses, a-t-il résolu le problème du surtourisme. « Le Met a toujours eu pour philosophie de ne pas valoriser ces œuvres qui nécessitent un voyage, les “trois-œuvres-à-voir-absolument”. En tant que Français, vous pourriez me dire, c’est parce que vous ne les avez pas ! – même si nos cinq Vermeer peuvent être équivalents à la Joconde, plaisante Hollein. Mais cela aide. Il y a du monde au Met, mais il n’est pas bondé. Depuis toujours, nous avons fait en sorte de traiter les différentes cultures de la même manière. »
Sauf qu’en plus du Covid-19 le musée, même s’il n’a pas fermé ses portes pour rénovation comme la Frick Collection voisine, est depuis quelques années un grand chantier. Deux milliards de dollars doivent avoir êté investis en deux décennies. Après les galeries européennes, ce sera au tour de l’aile Rockefeller, qui exposait depuis 1982 les arts premiers, de rouvrir ses portes en 2025 avec de l’art contemporain africain, et il faudra attendre 2029 pour que soit inaugurée la nouvelle aile avec les œuvres modernes, notamment la collection d’art cubiste du milliardaire Ronald Lauder. Un don de 125 millions de dollars d’Oscar Tang, milliardaire américain né à Shanghaï, et de sa femme, Agnes Hsu-Tang, a enfin débloqué le projet en 2021.
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