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A peine présenté, le « musée national de l’histoire du Québec » est déjà contesté

by Marko Florentino
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LETTRE DE MONTRÉAL

La ville de Québec, en 2017.

En annonçant, le 25 avril dernier, la création du premier « musée national de l’histoire du Québec », le premier ministre de la province, François Legault (Coalition Avenir Québec, nationaliste, centre droit), n’a pas caché le dessein qu’il assignait à la future institution : « Un lieu qui rende les Québécois encore plus fiers d’être québécois ». Installé dans l’austère bâtisse en cours de rénovation du pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec, là où fut fondée la première université de la Province (1852), le musée ouvrira ses portes au printemps 2026.

« C’est ici que tout a commencé il y a quatre cents ans, avec les explorateurs [Jacques] Cartier et [Samuel de] Champlain, fondateurs de notre nation », s’est enflammé le chef du gouvernement en présentant le projet dans la capitale provinciale. En endossant les habits d’un véritable conservateur en chef de musée, il a détaillé avec précision ce qu’il entendait voir mis à l’honneur dans le futur établissement : les « grands hommes » donc, et quelques femmes « bâtisseuses », comme Jeanne Mance, pionnière de la Nouvelle-France qui établit le premier hôpital à Montréal en 1642, et Marie de l’Incarnation, missionnaire qui se consacra au XVIIe siècle à l’éducation des jeunes filles et à l’évangélisation des autochtones.

Il a également énuméré parmi ceux qui avaient toute leur place dans ce panthéon de la fierté québécoise, des artistes (Gilles Vigneault, Robert Charlebois, Céline Dion), des auteurs (Michel Tremblay, Danny Laferrière), des sportifs, et même des entreprises « comme Bombardier ou HydroQuébec », symboles de la réussite économique du Québec. En revanche, la question des peuples originels, elle, a été évacuée d’une courte phrase : « On a aussi la présence des nations autochtones qui nous ont aidés », s’est-il contenté de déclarer, jugeant plus essentiel d’insister sur la nécessité de célébrer, avant tout, la langue française, car « dans un contexte où nous étions entourés d’une mer d’anglophones, c’est tout de même un exploit que nous parlions encore français !  »

« Un retour au récit national poussiéreux »

A peine dévoilée, l’intention du nouvel édifice muséal a fait s’étrangler une partie de la communauté des historiens du Québec. « Ce n’est ni plus ni moins qu’un retour au récit national poussiéreux qui a émergé chez nous au XIXe siècle, cela va à contresens de tout ce qui se fait aujourd’hui en matière de recherche dans le domaine historique, mais aussi en muséologie », explique Camille Robert, chargée de cours au département d’histoire de l’université du Québec à Montréal. « Cette vision de l’histoire n’est pas seulement caduque, elle est également dangereuse, renchérit Catherine Larochelle, professeure d’histoire à l’université de Montréal, car organiser la trame de ce récit autour d’un peuple de langue et de culture exclusivement françaises, cela vient alimenter un sentiment identitaire en total décalage avec notre identité collective actuelle. »

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