Micro à la main, franglais à la bouche et justaucorps en latex, une étrange créature fait régulièrement irruption sur nos petits écrans, se livrant à une performance artistique d’un goût certes douteux mais qui ne peut laisser indifférent. Un numéro de cirque dans lequel elle est à la fois l’animal et le dresseur. Le 10 avril, c’est sur W9, dans le jeu de télé-réalité « The Power » (où on a vu réapparaître notre Super Nanny bodybuildée, Pascal le grand frère), qu’Afida Turner a débarqué en tant qu’« invitée exceptionnelle », chantant sa fameuse reprise d’Etienne, de Guesch Patti, version Mère Noël en bas résille et sous acide.
« Tu dois pas la voir dans la vraie vie, normalement… », avait bien résumé l’humoriste marseillais Redouane Bougheraba, encore interloqué de sa rencontre avec la chanteuse, dans « LOL : qui rit, sort, saison 4 » (Amazon Prime). Une séquence désormais culte. Lors de la finale du jeu, fin février, alors qu’Audrey Lamy et le stand-uper s’affrontaient au jeu de la barbichette, elle avait surgi, moulée dans sa combinaison en lamé argent, et juchée sur des talons de 20 cm (« Are you ready ? Darling, Afida est dans la place ! »), pour interpréter (improviser ?) la Barbichette song (« je te tiens, tu me tiens, oh yeahhh. Le premier qui rigole, j’lui fous une torgnole ») avant de finir comme à son habitude à quatre pattes sur le plancher… « Je ne suis pas préparée à cette personne », avait lâché Audrey Lamy, comme si elle avait rencontré le Grinch en vrai. En un mois, la Barbichette song a été écoutée plus de 370 000 fois sur Spotify. Afida Turner est désormais mainstream.
A première vue, la comtesse du happening gênant est une femme de 48 ans, quelque peu retouchée, qu’on connaît surtout pour ses apparitions ubuesques sur C8, ses sorties pro-Trump sur Twitter (un « self-made-man qui a des balls »), son mariage avec feu Ronnie, le fils de Tina Turner, et son amitié incongrue avec Elisabeth Levy et Michel Polnareff. Afida Turner, qui se décrit comme « une femme du peuple qui n’a pas de prix », ne veut jamais parler d’argent dans ses interviews. Mais adore donner les mirobolants chiffres d’audience de ses prestations à « TPMP » ou « Un dîner presque parfait ». Celle qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle sur Twitter en 2020 (pour « remédier aux problèmes des “gilets jaunes” et, de surcroît, à cette police violente ») a un peu de peine aujourd’hui à se souvenir du nom d’Emmanuel Macron mais adore Brigitte, surtout ses cheveux. Derrière l’exubérance – certains diront l’insignifiance – du personnage, Afida Turner est un cas d’école.
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