Après trente-sept ans à sa tête, la papesse de la mode Anna Wintour quitte la rédaction en chef de l’édition américaine de Vogue, a appris Le Monde, jeudi 26 juin, confirmant une information de plusieurs médias américains. Mme Wintour, âgé de 75 ans, a annoncé la nouvelle lors d’une réunion avec ses équipes.
Elle conservera toutefois ses fonctions de responsable du contenu de toutes les marques au niveau mondial du groupe de presse Condé Nast et de directrice de l’édition internationale du magazine de mode, Vogue World.
La reine de la mode a fait du magazine l’un des plus suivis et des plus influents. Elle a été nommée directrice de la création en 1983, a été rédactrice en chef du Vogue britannique de 1985 à 1987, puis a rejoint le titre américain en tant que rédactrice en chef l’année suivante. Anna Wintour supervise également le Met Gala annuel, la plus grande soirée de la mode et une importante collecte de fonds pour l’aile mode du Metropolitan Museum of Art.
Pouvoir et influence
Dans son premier numéro du magazine, elle avait remis en cause le « coût réel d’un bon look », ce qui avait secoué l’industrie. Mme Wintour a aussi modernisé le magazine en faisant figurer des célébrités sur ses couvertures et en mélangeant la haute couture avec le style plus abordable de la rue.
Elle a participé à faire monter des créateurs émergents, notamment Marc Jacobs, Alexander McQueen et John Galliano, et a élargi la portée de la marque en ajoutant de nouveaux titres dans le monde entier.
Anna Wintour a également inspiré le personnage iconique de Miranda Priestly, incarné par Meryl Streep dans le film Le diable s’habille en Prada (2006), adaptée du roman du même nom publié trois ans plus tôt. Ce film, devenu par la suite une comédie musicale présentée à Chicago et à Londres, a contribué à façonner sa légende dans l’imaginaire public, tout comme son carré impeccable et ses lunettes de soleil reconnaissables entre toutes.
Celle dont l’influence et le pouvoir dans le milieu sont sans égal a vu récemment ses responsabilités s’élargir au sein du groupe sur le volet international. Il y a quatre ans, la société a modifié sa structure éditoriale, réunissant pour la première fois les équipes éditoriales du monde entier.
Rumeurs de démission
Chaque marché où Condé Nast est présent dispose d’un responsable du contenu éditorial dirigé par un directeur éditorial mondial. La nouvelle fonction au sein d’American Vogue s’inscrit dans le cadre de cette réorganisation. La nouvelle structure a déjà été mise en place dans d’autres titres de Vogue à travers le monde.
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La société ne cherchera donc pas de rédacteur en chef pour remplacer Mme Wintour à l’American Vogue, cette fonction étant remplacée par le nouveau directeur du contenu éditorial. L’idée est de donner à Mme Wintour plus de temps pour s’occuper des autres titres de son portefeuille.
A la fois crainte et désirée dans les Fashion Week, Anna Wintour s’était cependant retrouvée sur la sellette il y a quelques années lors des vastes manifestations Black Lives Matter : elle était accusée de ne pas faire suffisamment de place aux stylistes ou aux photographes noirs dans le prestigieux magazine.
Des rumeurs de démission avaient alors couru autour de celle que le magazine Forbes présentait, en 2017, comme la femme la plus puissante du monde dans le milieu des médias et du divertissement. Mais la septuagénaire était finalement restée aux commandes, après avoir déclaré « assumer la pleine responsabilité de [ses] erreurs » et s’être excusée de ne « pas en avoir fait assez » pour ses collaborateurs noirs.