Les institutions européennes commencent à prendre des mesures en représailles de la prétendue mission de paix du premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays préside ce semestre le Conseil de l’Union européenne (UE). Entre le 2 et le 12 juillet, il a rencontré, sans concertation préalable avec ses pairs européens, Volodymyr Zelensky, à Kiev, Vladimir Poutine, à Moscou, Xi Jinping, à Pékin, mais également le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors du sommet de l’OTAN à Washington, et le candidat à la présidence américaine Donald Trump.
Alors que les Etats membres avaient officiellement adressé à la Hongrie un premier carton jaune, le 10 juillet, après un débat très tendu à Bruxelles, la Commission a décidé de passer à l’action. Le 15 juillet, Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif communautaire, a annulé la visite du collège des commissaires, traditionnellement organisée au début d’une présidence tournante de l’Union. De même, elle n’enverra que des fonctionnaires et non des commissaires, comme le veut la tradition, à la quinzaine de conseils informels que la présidence hongroise doit organiser à Budapest.
Du côté du Parlement, en session plénière à Strasbourg, les élus ont également épinglé le dirigeant hongrois. Ils ont adopté, à une très confortable majorité de 495 voix sur 720 possibles, une résolution de soutien à l’Ukraine, qui condamne la diplomatie parallèle de Viktor Orban. Le Parlement estime que ce dernier « n’a pas représenté l’UE et considère que cette visite constitue une violation flagrante des traités et de la politique étrangère commune, et notamment le principe de coopération sincère ».
Acres échanges
Les représentants hongrois ont vivement réagi, même si M. Orban, qui a pris quelques jours de vacances en Croatie au retour de sa tournée diplomatique, est resté pour l’instant silencieux. « La présidence hongroise de l’UE reste engagée dans une coopération sincère avec les Etats membres et les institutions de l’UE », se défendait, dès le 15 juillet, Janos Boka, le ministre hongrois de l’Europe. « Ursula von der Leyen insulte Orban, attaque la Hongrie et veut imposer de nouvelles mesures punitives contre notre pays », a fustigé l’eurodéputé Tamas Deutsch, tête de liste du Fidesz, le parti de M. Orban.
Kinga Gal, l’eurodéputée vice-présidente du groupe Patriotes, formé avec le Rassemblement national, accuse pour sa part Mme von der Leyen d’avoir pris ces mesures de boycott « pour assurer sa réélection » lors du scrutin de jeudi 18 juillet. Les eurodéputés de la coalition réunissant les groupes de gauche, du centre et de droite sont aujourd’hui particulièrement hostiles au régime de Viktor Orban.
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