La France compte une nouvelle entreprise publique : Alcatel Submarine Networks (ASN), la filiale de production et de pose de câbles sous-marins de télécoms de l’équipementier finlandais Nokia. Antoine Armand, le ministre de l’économie, signera le 5 novembre, en fin de matinée, à Calais (Pas-de-Calais), dans l’usine historique de la société, le contrat d’acquisition de 80 % du capital. Les négociations entre l’Etat et Nokia avaient été dévoilées le 27 juin.
L’achat des 80 % du capital coûtera 100 millions d’euros environ à l’Etat, pour une valorisation totale de l’entreprise (trésorerie et dette incluses) de l’ordre de 350 millions. Nokia conservera 20 % du capital, mais l’Agence des participations de l’Etat (APE) pourra racheter cette part dans le futur, à des conditions non communiquées. Cette acquisition n’est pas soumise au vote du projet de loi de finances pour 2025. La somme sera puisée dans le compte d’affectation spéciale des participations financières de l’Etat.
Le groupe finlandais, qui avait hérité d’ASN en 2015 au moment du rachat d’Alcatel-Lucent, réfléchissait à l’avenir de cette société depuis deux ans. L’Etat n’a pas voulu la voir passer entre de mauvaises mains. « ASN est une entreprise stratégique », insiste le ministère de l’industrie.
La France, un centre névralgique du réseau mondial
Le trafic Internet mondial transite à 99 % par les câbles de fibre optique déployés aux fonds des mers et des océans, historiquement par les opérateurs télécoms et, ces dernières années, par les géants du numérique comme Meta (Facebook) ou Google. Plus de 480 sont actuellement en service. Or, avec sa façade maritime, la France est un centre névralgique du réseau mondial. Quatre câbles transatlantiques reliant l’Europe aux Etats-Unis arrivent sur les côtes de l’Hexagone. A Marseille, 18 lignes arrivent de l’Asie et de l’Afrique ou partent vers ces destinations.
Seul fabricant européen de câbles sous-marins télécoms en fibre optique, ASN détient environ un tiers de ce marché mondial, aux côtés de l’américain SubCom et du japonais NEC. Il a fabriqué la totalité des câbles reliant l’Afrique, dont le 2Africa, dernier projet pharaonique entrepris en 2020 par un consortium dirigé par Meta. Long de 45 000 kilomètres, ce réseau, en service partiel depuis juin, interconnecte l’Europe, l’Asie et le continent africain en arrivant sur les côtes de trente-trois pays.
En plus de son usine de Calais, l’ancienne filiale de Nokia dispose d’une flotte de sept navires, dont deux sont destinés aux réparations ou à la maintenance des câbles. Dans ce domaine, la France peut compter aussi sur les sept bateaux d’Orange Marine, la filiale spécialisée de l’opérateur télécoms.
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