Le déluge qui s’abattait sur Cannes s’est tu. Spike Lee saisit son téléphone et diffuse à plein tube Here Comes the Sun, des Beatles, en papillonnant sur la terrasse détrempée de l’Hôtel Marriott. En ce mardi 20 mai, on y orchestre la promotion de Highest 2 Lowest, son vingt-quatrième long-métrage, hors compétition. Le vétéran du cinéma afro-américain, 68 ans, est d’humeur primesautière, d’autant que son nouveau protégé, le rappeur ASAP Rocky, vient s’asseoir à ses côtés. « Frère Spike ! », acclame le benjamin, hilare. « Asaaaap ! », s’exclame l’aîné, goguenard.
La complicité des deux compères contraste avec l’incident qui a émaillé la montée des marches, la veille : l’altercation entre la vedette du film, Denzel Washington, et un photographe a fait le tour des réseaux sociaux. Il se trouve que Highest 2 Lowest se penche sur les bruits médiatiques qui tout à la fois propulsent et parasitent la création. ASAP Rocky y campe un rappeur qui croit kidnapper le fils d’un magnat de l’industrie musicale (Denzel Washington). Le film insiste sur leurs disparités : à la passion émoussée du vieux boomeur répond l’avidité du jeune arriviste ; à l’intégrité du bon père de famille s’oppose l’amoralité du gamin des rues.
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