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Au festival Premiers Plans d’Angers, l’anxiogène et virtuose « Border Line » triomphe

by Marko Florentino
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Diego (Alberto Ammann) et Elena (Bruna Cusi) dans « Border Line », de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas, Grand Prix du jury au festival Premiers Plans d’Angers 2024.

Lieu de découvertes de premiers longs et courts-métrages européens, le festival Premiers Plans d’Angers a mis en lumière, en 2023, Chien de la casse (prix du public), qui, ensuite, s’est taillé un joli succès critique lors de sa sortie en salle, mais aussi le jeune comédien Dimitri Doré (Prix d’interprétation masculine), dans Bruno Reidal, en 2022, ou encore Ibrahim, de Samir Guesmi (grand prix du jury), en 2021.

Lors de la 36e édition du festival, qui s’est déroulée du 20 au 28 janvier, le jury, présidé par Robin Campillo, le réalisateur de 120 battements par minute (2017), a couronné une œuvre d’une densité remarquable, Border Line, fiction espagnole émanant d’un duo de réalisateurs originaires du Venezuela, Juan Sebastian Vasquez, venu du documentaire, et Alejandro Rojas, également directeur de la photographie. Quant à l’actrice principale du film, Bruna Cusi, elle a été récompensée pour son interprétation installant graduellement l’inquiétude sur son visage et faisant monter le beat de cette œuvre millimétrée.

C’est l’histoire d’un couple de trentenaires qui vit à Barcelone et qui décide de tenter sa chance aux Etats-Unis. Elena, espagnole, est danseuse contemporaine, et son compagnon, Diego, vénézuélien, a du mal à trouver un emploi en dépit de son diplôme d’urbaniste. Ils signent un pacte d’union civile et s’envolent tout légers. Dans l’avion pour New York, Diego semble pourtant un peu nerveux, comme si le Latino-Américain pressentait que sa candidature à l’immigration allait être examinée à la loupe. Il ne sera pas déçu, les autorités soupçonnant d’emblée une union de pure façade (sorte de mariage blanc) en vue d’obtenir les papiers. L’officier au guichet, qui examine les passeports, demande au couple de le suivre pour des « informations complémentaires », et voici Elena et Diego coincés dans un bureau du sous-sol.

Se fondant sur des choses vécues ou sur des témoignages de proches, les deux cinéastes mettent en place un dispositif de questions-réponses redoutable, revisitant le huis clos à la Sidney Lumet. Deux agents interrogent séparément Diego, puis Elena, pour débusquer d’éventuels mensonges et recouper les informations. Une femme officier (Laura Gomez, phénoménale) installe une pseudo-complicité avec Elena en lui dévoilant quelques informations gênantes, d’ordre privé, sur son compagnon, pour tenter de la faire parler – « Avez-vous confiance en Diego ? » De son côté, son collègue masculin teste les limites nerveuses de la jeune femme, ainsi que sa capacité d’obéissance à ses demandes les plus farfelues. Bizarre et glaçant, le bien nommé Border Line (en salle mercredi 1er mai) sonde l’effroi d’un individu supposé libre et se retrouvant livré aux mains des autorités, dotées de pouvoirs exorbitants.

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