
Le livre publié au Maroc qui a eu le plus de succès n’est pas un roman. La fiction a beau dominer la production éditoriale du royaume, avec 360 nouvelles œuvres en moyenne chaque année, c’est un témoignage historique, Tazmamart, cellule 10, d’Ahmed Marzouki (éd. Tarik, 2000), qui détient le record des ventes. L’auteur, un ancien sous-officier, a passé dix-huit ans dans les geôles de la prison où furent incarcérés des militaires accusés d’avoir voulu renverser le roi Hassan II lors des coups d’Etat ratés de 1971 et 1972.
Paru en 2000, le récit s’est écoulé jusqu’à présent à quelque 70 000 exemplaires. « Et il s’en vend tous les jours », s’étonne son éditeur Bichr Bennani, cofondateur des éditions Tarik. Un engouement qui témoigne de l’intérêt de plus en plus nourri des Marocains pour leur passé.
Depuis 2023, il se publie chaque année environ 200 livres d’histoire dans le pays, alors que leur rythme annuel de sortie n’excédait pas une centaine entre 2003 et 2014. Symbole de cette ouverture, la sortie, en 2019, de Le Maroc noir, une histoire de l’esclavage, de la race et de l’islam, de l’historien Chouki El Hamel, a eu l’effet d’un pavé dans la mare. L’ouvrage caracole en tête des ventes de son éditeur dans la catégorie histoire. Plus de 2 600 exemplaires écoulés, « alors qu’un tirage tourne généralement autour de 500 exemplaires », se félicite Yacine Retnani, des éditions La Croisée des chemins.
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