Douze personnes, dont deux mineurs, ont été tuées par un homme armé, mercredi 1er janvier, dans une ville du sud du Monténégro, parmi lesquelles le propriétaire d’un restaurant – et ses enfants – dans lequel le suspect avait passé la journée.
L’auteur de la fusillade s’est suicidé alors que sa fuite avait pris fin après plusieurs heures de traque par la police et l’armée. Les agents l’ont encerclé et lorsqu’ils lui ont ordonné « de déposer son arme, il s’est tiré une balle dans la tête », a déclaré le chef de la police, Lazar Scepanovic à des journalistes. « On a tenté de le transporter vers un centre hospitalier, mais il a succombé à ses blessures », a-t-il précisé.
Contrairement aux premières informations communiquées par la police, les victimes n’ont pas toutes été abattues dans un restaurant près de la ville de Cetinje, ancienne capitale royale nichée au creux d’une vallée. Le drame a commencé lorsque le suspect, âgé de 45 ans, « après s’être disputé avec un client avec qui il avait passé une grande partie de la journée, et alors qu’il avait bu de grandes quantités d’alcool, est rentré chez lui, a pris une arme, et a tué quatre personnes », a expliqué M. Scepanovic.
Il s’est ensuite rendu dans trois autres lieux où il a tué six autres personnes, dont un membre de sa propre famille, le propriétaire du restaurant et deux enfants de ce dernier, âgés de 10 ans et 13 ans. « Il a essayé de tuer quatre autres personnes dont la vie n’est plus en danger », a dit M. Scepanovic. La procureure Andrijana Nastic a annoncé jeudi matin à la presse que le bilan était désormais de douze morts.
De nouvelles restrictions sur les armes à feu
Dans une allocution au cours de la soirée, le premier ministre, Milojko Spajic, a annoncé un deuil national de trois jours, les 2, 3 et 4 janvier. Evoquant « une bagarre dans un restaurant, au cours de laquelle des armes ont été dégainées, et qui a dégénéré », M. Spajic a aussi annoncé de nouvelles restrictions à venir quant à la possession d’armes à feu. « Cette tragédie nous interroge sur qui sont ceux qui peuvent avoir des armes au Monténégro », a-t-il ajouté.
« Nos pensées vont, ce soir, aux familles qui ont perdu des proches et aux habitants de Cetinje. Tout le Monténégro ressent et partage votre douleur. Nous prions pour le rétablissement de tous les blessés », a écrit sur le réseau social X le président du pays, Jakov Milatovic.
Sur place, près du restaurant dans lequel le drame a eu lieu, la police empêchait dans la soirée toute personne de s’approcher. Des dizaines d’hommes, des véhicules de police et au moins une ambulance étaient visibles derrière les barrières. Assurant dans son communiqué que cette fusillade n’était « pas le résultat d’une confrontation entre des groupes appartenant au crime organisé », la police monténégrine a exhorté les habitants à rester chez eux tant que le suspect était en fuite.
Si la police semble privilégier l’hypothèse d’un crime non mafieux, le crime organisé et la corruption affectent depuis longtemps le Monténégro et la ville de Cetinje a été particulièrement touchée ces derniers mois. En juin, deux personnes sont mortes et trois y ont été blessées dans une explosion − des membres d’un groupe criminel, selon la police. Parmi les blessés se trouvaient deux autres membres présumés d’un gang, ainsi qu’une passante.
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Après cette explosion, le gouvernement avait promis de s’en prendre au crime organisé. Mais fin septembre, un autre membre d’un clan mafieux a été tué, encore à Cetinje. Il a été abattu par un tir de sniper alors qu’il était assis dans son jardin. Ces règlements de compte sont tous liés, soupçonnent les enquêteurs, au conflit qui oppose depuis des années deux groupes criminels, le Skaljari et le Kavaci.
Le petit pays des Balkans, qui compte 630 000 habitants, a souvent promis de s’attaquer à ces groupes pour espérer rejoindre l’Union européenne.