
Aucune dissidence ne sera tolérée. Le message, très clair, a été envoyé par Keir Starmer, le nouveau premier ministre britannique, à l’aile gauche de son parti, mardi 23 juillet. Moins de trois semaines après avoir remporté les élections législatives avec une large majorité, il a sanctionné un début de rébellion d’une poignée de députés, en cherchant à étouffer toute contestation interne.
Mardi soir, le programme de son gouvernement, présenté lors d’un « discours du roi » le 17 juillet, était mis au vote à la Chambre des communes. Les 404 élus travaillistes (sur 650 députés) ont bien entendu tous voté en sa faveur. Mais, au cours de la soirée, le Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste écossais, a déposé un amendement en vue d’étendre les allocations familiales au troisième enfant, alors que celles-ci sont actuellement limitées à deux enfants. Sept députés de l’aile gauche du Parti travailliste ont voté pour, malgré les consignes fermes de s’y opposer.
Dans la foulée, M. Starmer les a suspendus du groupe parlementaire travailliste pour six mois. « C’est extrême, personne ne veut voir un tel autoritarisme », s’étouffe Bell Ribeiro-Addy, une députée proche d’eux (elle s’était abstenue lors de ce vote et n’a pas été suspendue).
Parmi les élus écartés se trouvent des voix influentes de la gauche des travaillistes, qui ont été proches de Jeremy Corbyn quand celui-ci dirigeait le Labour (2015-2020). On trouve notamment John McDonnell, qui s’occupait alors des questions économiques, Rebecca Long-Bailey, qui était chargée de la politique industrielle, et Ian Byrne, un député de Liverpool.
Contrer les attaques des conservateurs
La sanction a pris de court les élus travaillistes, particulièrement à cause du sujet en question, la pauvreté des mineurs. La limite des allocations familiales à deux enfants a été imposée par les conservateurs en 2017, provoquant à l’époque la colère du Labour. Selon l’Institute for Fiscal Studies, un groupe de réflexion, cette réforme représente une perte de 4 300 livres (5 100 euros) d’aides sociales en moyenne pour un peu plus d’un demi-million de foyers, qui touche particulièrement les plus pauvres. Revenir dessus coûterait 3,4 milliards de livres (4 milliards d’euros), soit 3 % du budget des aides sociales. De quoi en faire une idée très populaire chez les élus travaillistes.
Certes, répond Steve Reed, le ministre de l’agriculture, mais le nouveau gouvernement a promis de faire preuve de discipline budgétaire. « Nous avons été clairs pendant la campagne électorale sur le fait que nous n’avions pas l’argent pour faire tout ce que nous souhaitions, a-t-il expliqué sur la BBC. On ne peut pas faire campagne en disant cela et faire le contraire en arrivant au pouvoir. » Le gouvernement n’exclut pas complètement de mettre fin à la limite des deux enfants, mais il ne tranchera le sujet que lors de la présentation du budget, à l’automne, et l’amendement de l’opposition, mardi soir, n’était pas le moment propice pour en débattre, estime-t-il.
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