Un mois après le début des émeutes qui ont agité l’été britannique, le calme est revenu. A la source de ces heurts, de fausses informations diffusées par des réseaux d’extrême droite selon lesquels le meurtrier présumé de trois fillettes à Southport (nord-est de l’Angleterre), le 29 juillet, était musulman et venait d’arriver dans le pays en small boat alors qu’il est britannique. La police a procédé à plus de 1 000 arrestations et au moins 200 personnes ont déjà été condamnées (la plupart à des peines de prison).
Le gros de l’orage semble passé, les contre-manifestations à l’initiative de collectifs antiracistes ont aussi joué leur rôle, démontrant dans la rue l’opposition de dizaines de milliers de personnes à l’islamophobie et au racisme proférés par les émeutiers. Ces derniers « ont exploité les failles de notre société après quatorze années de populisme et d’échecs [des conservateurs] », a estimé, mardi 27 août, Keir Starmer, le premier ministre britannique travailliste, installé à Downing Street depuis juillet, qui a promis de faire de la politique « différemment » pour répondre au « trou noir social » que ces émeutes ont révélé.
Celles-ci mettent aussi en lumière un paradoxe au cœur de l’extrême droite britannique. Contrairement à ailleurs en Europe, aucun mouvement issu de cette mouvance n’a réussi à percer électoralement. Pourtant, son pouvoir de mobilisation, décuplé par les réseaux sociaux, s’est révélé considérable lors des émeutes et son potentiel de violences, bien réel. Le 27 juillet, Tommy Robinson, figure la plus connue de la droite radicale britannique, parvenait à rassembler 30 000 sympathisants à Trafalgar Square, au cœur de Londres. Ils étaient des centaines, les jours suivants, à Southport, à jeter des briques sur les policiers.
Outre Reform UK, le parti du charismatique Nigel Farage, que les politistes britanniques considèrent plutôt comme un parti de droite dure que d’extrême droite (« il accepte les principes démocratiques », précise Tim Squirrell, de l’Institute for Strategic Dialogue), il existe une dizaine d’autres formations n’ayant parfois même pas le statut de partis politiques : le Reclaim Party, la Patriotic Alternative, le Homeland Party ou Britain First. Ces groupuscules – au plus quelques milliers de militants actifs (les chiffres exacts ne sont pas disponibles) – sont souvent rivaux mais ils ont en commun de professer la haine des étrangers et de l’islam, et attirent majoritairement des hommes blancs. Pour Tim Squirrell, « ils ne gagnent souvent même pas assez de voix pour se faire rembourser leur caution électorale ».
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