L’exubérance est revenue à Las Vegas, les casinos n’ont jamais été aussi florissants, et si on en détruit quelques-uns, c’est pour reconstruire de plus belle. Le 9 octobre, les deux tours du Tropicana, une relique datant de 1957, ont été dynamitées à 2 h 37 du matin ; un grand show, précédé par un feu d’artifice, suivi par des milliers de spectateurs venus pour l’occasion. L’iconique hôtel sera remplacé par un stade de base-ball (dévolu à l’équipe des Athletics d’Oakland, qui a déserté la Californie). Ainsi va la vie à Vegas, faite de boom and bust.
En 2023, le comté de Clark, où se situe Las Vegas, a engrangé un volume record de transactions pour la troisième année de suite : 13,5 milliards de dollars, soit 12,3 milliards d’euros. Le nombre de visiteurs à l’aéroport Harry-Reid a dépassé le record établi avant la pandémie de Covid-19 (57,6 millions de passagers en 2023), et il est question d’en construire un deuxième. Les spectacles affichent complet sur le Strip, les Champs-Elysées de l’industrie du jeu.
Mais la reprise est loin de profiter à tout le monde. Le taux de chômage (5,5 % en août) est au premier rang du pays. L’Etat a été le deuxième sur le plan national pour le taux d’inflation en 2022. La pénurie de logements y est qualifiée de « crise », à droite comme à gauche.
Le Silver State ne compte que six grands électeurs sur les 270 nécessaires au candidat à la présidentielle pour être élu, en vertu du système américain de suffrage indirect. Mais il est considéré comme un Etat crucial, l’un des sept où va se décider le scrutin du 5 novembre. En 2020, Joe Biden l’avait emporté avec 33 596 voix d’avance seulement, sur 1,4 million de bulletins. A moins d’un mois de l’élection, les deux candidats, Donald Trump et Kamala Harris, sont au coude-à-coude dans les sondages, invariablement dans la marge d’erreur.
Hausse des prix
Sujets de préoccupation principaux des électeurs : la hausse des prix et la crise de l’immobilier. Depuis 2016, les loyers ont augmenté de 40 % alors que les salaires n’ont pas suivi. L’accession à la propriété, pilier du rêve américain, est devenue irréalisable pour beaucoup, même si dans les quartiers chics, à l’ouest de la ville, se construisent de nouveaux lotissements à 475 000 dollars la maison. Comme le proclame le fronton d’un appartement témoin sur West Russell Road, l’un des boulevards qui grignotent le désert, « la propriété, c’est possible ». Mais surtout pour les familles aisées. Selon l’association des promoteurs immobiliers de Las Vegas, LV Realtors, le prix médian des maisons a doublé entre 2015 et 2023. Celui des appartements a augmenté d’un tiers depuis 2020.
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