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Aux Etats-Unis, tournant sécuritaire dans les villes démocrates

by Marko Florentino
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Arrestation d’un homme, à Portland (Oregon), le 7 février 2024.

Depuis des années, Portland, la capitale économique de l’Oregon, est, avec San Francisco (Californie), la cible préférée des républicains pour sa politique pénale jugée trop libérale. A moins de sept mois d’une élection présidentielle marquée par le thème de l’insécurité, les démocrates locaux viennent de donner à la droite américaine des raisons de pavoiser.

Le 1er avril, la gouverneure Tina Kotek a promulgué une loi qui criminalise de nouveau la possession de drogues dures, revenant sur la dépénalisation qui avait été adoptée par plus de 58 % des électeurs de l’Etat, en novembre 2020, dans l’euphorie des manifestations antiracistes. La politique non répressive a « échoué », a reconnu le maire démocrate de Portland, Ted Wheeler. L’aveu a donné du grain à moudre aux républicains, qui ont fait de la sécurité – notamment à la frontière mexicaine, sans craindre d’amalgamer crime et immigration – leur ligne d’attaque préférée pour l’élection du 5 novembre.

La dépénalisation de 2020 dans l’Oregon – une mesure restée sans précédent dans le pays – avait été saluée comme l’avant-garde d’une nouvelle approche. L’Amérique prenait acte de l’échec de la « guerre contre la drogue » lancée en juin 1971 par Richard Nixon. Chez les démocrates comme chez les républicains, beaucoup étaient sensibles à l’argument présenté depuis des années par les intellectuels afro-américains : le tout répressif avait abouti à un phénomène d’« incarcération de masse », frappant les jeunes Noirs de manière disproportionnée.

« Le timing était mauvais »

La mesure, adoptée en 2020, limitait à une amende de 100 dollars la possession de drogues comme le fentanyl, l’héroïne et la méthamphétamine, et entérinait la création d’un programme de désintoxication, financé par les taxes sur les ventes de cannabis et les économies effectuées dans le budget des prisons. Lors des interpellations, les agents de police étaient censés tendre aux toxicomanes un carton portant le numéro de la hotline d’un centre de traitement et les informer que l’amende serait annulée s’ils l’appelaient. En quinze mois, seules 119 personnes avaient composé le numéro. Aucune amende n’avait été payée. Coût de fonctionnement de la ligne d’assistance : 7 000 dollars par appel.

Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre. Fin 2023, des figures des milieux d’affaires, dont Phil Knight, le cofondateur de Nike, l’une des entreprises phares de l’Oregon, ont investi 700 000 dollars dans une campagne visant à recriminaliser la détention de drogue. Les démocrates s’y sont ralliés. En mars, les élus de l’Assemblée et du Sénat locaux ont adopté la réforme à une large majorité. La nouvelle législation continue à proposer en priorité un traitement de désintoxication, mais elle réimpose des peines de prison (allant jusqu’à dix-huit mois).

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