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Aux Philippines, l’ex-président Rodrigo Duterte arrêté en application d’un mandat de la CPI

by Marko Florentino
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L’ancien président philippin Rodrigo Duterte, à San Juan, aux Philippines, le 13 février 2025.

Rodrigo Duterte, l’ancien président des Philippines (2016-2022), a été arrêté, mardi 11 mars, à l’aéroport de Manille, en application d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de crime contre l’humanité pour sa guerre meurtrière contre le trafic de stupéfiants.

Les organisations de défense des droits humains estiment que des dizaines de milliers d’hommes, pour la plupart pauvres, ont été tués dans ce cadre par des policiers et des groupes d’autodéfense, souvent sans qu’il soit prouvé qu’ils étaient bien liés à la drogue. La CPI a ouvert une enquête sur cette campagne lancée en 2016, susceptible, selon elle, de constituer un crime contre l’humanité.

« Tôt ce matin, Interpol Manille a reçu la copie officielle d’un mandat d’arrêt émis par la CPI, a fait savoir la présidence actuelle dans un communiqué. Il est actuellement en détention. » « L’ancien président et son groupe sont en bonne santé et sont en train d’être examinés par les médecins », a-t-elle ajouté.

Rodrigo Duterte revenait d’un bref séjour à Hongkong et venait d’atterrir à l’aéroport international de Manille. S’exprimant devant des milliers de travailleurs philippins dimanche à Hongkong, l’ancien dirigeant de 79 ans avait condamné l’enquête, traitant les enquêteurs de la CPI de « fils de pute », tout en admettant qu’il « accepterait » sa potentielle arrestation.

Les Philippines ont quitté la CPI en 2019, suivant les ordres de l’ex-chef de l’Etat, mais celle-ci, basée à La Haye (Pays-Bas), a déclaré maintenir sa juridiction concernant les meurtres qui se sont passés avant le retrait du pays, ainsi que ceux commis dans la ville de Davao, à l’époque où M. Duterte en était le maire, avant qu’il ne devienne président.

Plus de 6 000 personnes ont été tuées lors des opérations antidrogue sous la présidence de M. Duterte, selon les données officielles publiées par l’Etat philippin. Les procureurs de la CPI estiment, de leur côté, que le nombre de morts se situe entre 12 000 et 30 000.

L’ancien président reste extrêmement populaire aux Philippines, où nombreux sont ceux qui ont soutenu ses solutions rapides à la criminalité. Il reste une puissante force politique et est en lice pour retrouver son poste de maire aux élections de mi-mandat, en mai.

« J’ai fait ce que j’avais à faire »

L’ancien conseiller juridique de la présidence Salvador Panelo a qualifié d’« illégale » l’arrestation de Rodrigo Duterte. « La police nationale philippine n’a pas autorisé l’un de ses avocats à le rencontrer à l’aéroport et à remettre en question la base juridique de [son] arrestation », a-t-il argué, ajoutant qu’aucune copie papier du mandat d’arrêt de la CPI n’avait été fournie. Réagissant à son arrestation, la Chine a appelé la CPI à « exercer ses pouvoirs avec prudence conformément à la loi, et éviter toute politisation et tous les deux poids, deux mesures ».

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Un groupe de soutien aux mères des personnes tuées dans le cadre de la répression antidrogue de M. Duterte a, lui, qualifié l’arrestation de « développement très positif ». « Les mères dont les maris et les enfants ont été tués à cause de la guerre contre la drogue sont très heureuses, car elles attendaient cela depuis très longtemps », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Rubilyn Litao, coordinatrice de l’association Rise Up for Life and for Rights.

Human Rights Watch a, de son côté, appelé le gouvernement du président, Ferdinand Marcos Junior, à « remettre rapidement [M. Duterte] à la CPI », estimant que cette arrestation constituait une « étape cruciale dans l’obligation de rendre des comptes aux Philippines ».

Se définissant lui-même comme un tueur, M. Duterte a demandé à ses agents de police de tirer mortellement sur les personnes soupçonnées de trafic de stupéfiants si leur vie était en danger. Il a insisté sur le fait que la répression avait permis de sauver des familles et d’éviter que les Philippines se transforment en un « Etat narco-politique ».

Rodrigo Duterte a fermement défendu sa guerre meurtrière contre la drogue en octobre 2024, dans le cadre de son audition au Sénat, qui enquête sur les meurtres à grande échelle durant cette période. « Ne remettez pas en question mes politiques, car je n’ai pas d’excuses, pas de prétextes. J’ai fait ce que j’avais à faire et, que vous le croyiez ou non, je l’ai fait pour mon pays », a déclaré M. Duterte.

Un temps pressentie pour succéder à son père, sa fille, Sara Duterte, s’est retirée en faveur de Ferdinand Marcos Junior, fils de l’autocrate du même nom, à qui elle s’est alliée avant d’être élue à la vice-présidence. Mais l’alliance entre les deux dynasties a implosé récemment, à l’approche des élections de mi-mandat, prévues l’année prochaine. Mme Duterte fait face à trois plaintes réclamant sa destitution.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Asie du Sud-Est, la politique est une affaire de famille

Le Monde avec AFP et Reuters

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