Parmi l’élite des combattants d’arts martiaux mixtes (MMA), Benoît Saint Denis ne présente pas un profil commun. D’abord parce qu’il est français et que les tricolores ayant atteint les hautes sphères du MMA se comptent sur les doigts d’une main. Ensuite, parce que l’homme de 28 ans balance entre un ex-membre des forces spéciales, un père de famille catholique et une personnalité discrète. Enfin, parce qu’il est ce qu’on appelle un « action fighter », de ceux qui, contrairement aux contre-attaquants ou aux stylistes-techniciens, mettent la pression sur leur adversaire en permanence, n’hésitant pas à s’exposer au risque de prendre un mauvais coup. De l’excitation intense ou du dégoût pour la violence, ses performances ne laissent personne indifférent.
Le natif de Nîmes, au visage marqué par une vie de combats – dans tous les sens du terme – a rendez-vous avec l’Américain Dustin Poirier, dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 mars (vers 4 heures, heure de Paris), à Miami (Floride), pour cinq rounds. L’occasion de passer un cap dans sa carrière, voire de changer de dimension. Son adversaire est un des grands noms de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus importante ligue de MMA. Une victoire donnerait à Benoît Saint Denis une chance de se battre pour la ceinture des poids légers (moins de 70 kg), la catégorie la plus relevée.
Son équipe a verrouillé sa communication jusqu’au rendez-vous du 9 mars, réservant ses prises de parole aux médias diffuseurs ces dernières semaines. Mais à en croire son épouse, Laura, il a toujours cru cette ascension possible. « Le dimanche, on a un petit rituel, raconte l’ancienne policière qui gère désormais la carrière de son mari. On brunche en regardant l’UFC de la veille. Après on va à la messe. En 2019, on visionnait le replay de Justin Gaethje contre Dustin Poirier. Là, Benoît me dit : “Tu verras dans trois ou quatre ans, ces mecs-là, je vais les affronter.” »
Reste que pour obtenir des duels contre ce genre de dur à cuire, il ne suffit pas de gagner. Etre performant à l’UFC, c’est aussi avoir des fans prêts à payer pour vous voir. Il a donc fallu faire du Français un embryon de star. Avant Laura Saint Denis, c’est Daniel Woirin, son coach de toujours, qui jouait le rôle d’homme à tout faire. « Au début, je perdais même de l’argent à l’entraîner », relate-t-il. Lui connaît Benoît Saint Denis par cœur et il a été le premier à réfléchir à construire une image autour de son combattant à l’aura gentiment rustre.
Patriotisme et religion
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