Ça la fait sourire, Camélia Jordana, cette expression « artiste engagée » qui revient à longueur d’interviews. Elle lui fait penser à 1968, la guerre froide, Simone Signoret et Yves Montand, un passé antédiluvien où s’afficher dans les manifs musclait les carrières. Aujourd’hui, il en faut du courage pour simplement dire ce que l’on pense en public, quand on est à la fois chanteuse populaire, actrice césarisée et descendante d’immigrés algériens et marocains. L’Olympia et les tapis rouges, où elle paraît souvent en diva surmaquillée, ne sont plus des endroits de contestation. Restent les micros qui se tendent selon l’actualité.
Rarement invitée dans la « bollosphère », la galaxie des médias de l’homme d’affaires Vincent Bolloré, Camélia Jordana répond à France Inter, Libération, Le Monde ou L’Obs, qui l’a fait poser en Marianne aux seins nus en janvier 2016. En ce début d’année, cheveux lâchés telle Angela Davis, son modèle, elle élude la promotion de son dernier disque (Win Rak – « où es-tu ? ») ou film (Reine mère, de Manele Labidi, en salle le 12 mars) pour dénoncer les violences policières et celles faites aux femmes, la guerre entre Israël et le Hamas ou la « suprématie de l’homme blanc ».
Son compte Instagram (229 000 abonnés) est un cadavre exquis de glamour et de dazibaos. Un jour sans maquillage, « Merci de voter à gauche… pour que les gens aient de quoi se nourrir, pour que la xénophobie recule, que la peur s’efface de la rue… » (juillet 2024). Un autre, en robe noire fendue, chabadabada au Festival de Deauville (septembre 2024). Une fois en oiseau de nuit, regard perçant et tee-shirt « Free Palestine » (mai 2024).
Il vous reste 91.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
