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Carlo Greppi, l’écrivain turinois qui redonne vie au sauveur de Primo Levi

by Marko Florentino
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Carlo Greppi, dans son cabinet d’écriture, à Turin, le 15 mars 2024.

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Dans le petit appartement situé au quatrième étage d’un vieil immeuble turinois qu’il a transformé en cabinet d’écriture, l’historien et écrivain Carlo Greppi, 42 ans, travaille parmi les fantômes des ouvrages achevés et les promesses des textes à naître. Dans l’encadrement d’une fenêtre, trône une reproduction agrandie de la couverture d’Il buon tedesco (« le bon Allemand », Editori Laterza, 2021, non traduit), dans lequel Carlo Greppi retrace l’histoire d’un officier de la Wehrmacht passé en 1944 du côté de la résistance italienne.

Sur un mur est épinglé un encart découpé d’un journal consacré à son pamphlet L’antifascismo non serve più a niente (« l’antifascisme ne sert plus à rien », Editori Laterza, 2020, non traduit), une défense par antiphrase d’une culture politique autrefois centrale en Italie mais mise à mal depuis une trentaine d’années.

Entre la bibliothèque et la cuisine, où il a installé son bureau, une étagère est consacrée à l’homme auquel Carlo Greppi a consacré son nouvel ouvrage, Un homme sans mots (JC Lattès), qui sortira en France le 3 avril après avoir été publié en Italie en mars 2023. Habité par la mémoire de la seconde guerre mondiale, Carlo Greppi, qui écrit aussi bien des essais que des romans pour la jeunesse, raconte le destin de Lorenzo Perrone. A Auschwitz, ce maçon piémontais analphabète, qui aurait pu rester un parfait anonyme et figure depuis 1998 au registre des Justes parmi les nations du mémorial de Yad Vashem, partagea ses maigres rations de nourriture avec Primo Levi (1919-1987).

Un rôle essentiel

Grâce à lui, l’immense écrivain turinois, arrêté parce que résistant en décembre 1943, et déporté parce que juif quelques mois plus tard, a pu survivre. En 1947, dans son œuvre maîtresse, Si c’est un homme, témoignage fondamental sur l’expérience concentrationnaire et réflexion indispensable sur les mécanismes totalitaires de destruction de la dignité humaine, Levi écrit à propos de Perrone : « Lorenzo était un homme ; son humanité était pure et intacte, ce monde de négation lui était étranger. C’est à Lorenzo que je dois de ne pas avoir oublié que j’étais un homme moi aussi. »

« Dans toute l’œuvre de Primo Levi, Lorenzo Perrone occupe une quinzaine de pages tout au plus et pourtant il joue un rôle essentiel dans sa pensée », explique Carlo Greppi, assis dans son fauteuil, entouré d’étagères chargées de livres consacrés au fascisme, aux partisans italiens, à l’histoire de l’Holocauste ou encore aux frontières et aux migrations. « Par son acte moral radical, son appréciation nette de ce qui doit être fait sans attendre de rétribution et quitte à se mettre en danger, Lorenzo représente l’antidote à ce que Primo Levi appelle la “zone grise” », résume Carlo Greppi. Ce concept, qui traverse toute l’œuvre de Primo Levi, désigne l’espace de la contamination du mal entre les bourreaux et les victimes.

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