Home » « Ce n’est qu’un au revoir », dernier été au pensionnat

« Ce n’est qu’un au revoir », dernier été au pensionnat

by Marko Florentino
0 comments


« Ce n’est qu’un au revoir », de Guillaume Brac.

ACID

A 17 ans, on n’a plus l’âge de dormir dans des lits superposés. D’ici à quelques semaines, Aurore, Nours, Diane et quelques autres internes de la cité scolaire du Diois, dans la Drôme, passeront le baccalauréat et partiront étudier un peu partout en France. Les « matelas dominos », les bals improvisés, les échappées à l’étage des garçons appartiendront au passé.

Le cinquième long-métrage documentaire de Guillaume Brac, Ce n’est qu’un au revoir, reprend le thème chéri de l’adolescence (Un pincement au cœur, 2023 ; A l’abordage, 2020) pour évoquer avec délicatesse les inquiétudes d’un groupe de terminale – des filles essentiellement. Dans la lignée de Jacques Rozier, dont il partage le goût des œuvres libres comme l’air faites de digressions et de petites obsessions, le cinéaste se saisit plein cadre de la question qui hante ses protagonistes : notre amitié perdurera-t-elle malgré la distance ? Nous reverrons-nous ? Nous appeler une fois par an suffira-t-il à garder contact ? Et, de manière sous-jacente, le monde de demain va-t-il nous changer ?

Ce qui rend le film si beau et attachant tient dans son point d’équilibre, à la fine commissure de la réalité et des puissances imaginaires de la fiction. Entre le réalisme des dortoirs et Parcoursup, des passages idylliques évoquent un paradis perdu. Dans les torrents d’eau claire, au pied des falaises de calcaire ocre où s’accrochent les pins, les amies se livrent aux jeux et sentiments d’un été qui va bientôt les séparer. Eclairées comme des toiles impressionnistes, ces baignades champêtres ont tout l’air de relever d’un passé fantasmé.

Un refuge idéal

Au fil du film, des portraits émergent. Chacun d’entre eux privilégie aux faits les sensibilités. Lieu de l’entre-deux – ni tout à fait école ni tout à fait famille –, l’internat s’avère un refuge idéal et à bonne distance pour penser le monde qui les entoure. Il est question d’écologie, de manifestations sur le chantier de construction de la mégabassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), de low-tech dans les sujets du bac.

Lire la critique (2021) : Article réservé à nos abonnés « A l’abordage » : Guillaume Brac, un cinéaste sur les rivages des amours de jeunesse

Vêtus d’un saroual, coiffés de dreadlocks ou se voyant vivre en collectivité dans une vallée, les élèves amateurs des groupes de musique La Rue Kétanou et Les Ogres de Barback se présentent en « babos » altermondialistes, contribuant à donner une pente sociétale au film. Mais le véritable intérêt du documentaire se joue ailleurs, lorsqu’il revient à cette autre question tout aussi existentielle et urgente de la séparation.

Une jeune fille explique être arrivée au pensionnat pour fuir une mère dépressive avec laquelle elle avait cru un temps pouvoir faire un potager… Une autre évoque la disparition de sa sœur dont personne n’a jamais retrouvé la trace, une autre l’absence de son père, un aventurier… Ces absences déposent un voile de mélancolie sur la rupture qu’elles s’apprêtent à vivre et contribuent à la beauté du film, qui prend la forme d’un souvenir ou d’un chagrin d’amitié.

Il vous reste 2.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

You may also like

Leave a Comment

NEWS CONEXION puts at your disposal the widest variety of global information with the main media and international information networks that publish all universal events: news, scientific, financial, technological, sports, academic, cultural, artistic, radio TV. In addition, civic citizen journalism, connections for social inclusion, international tourism, agriculture; and beyond what your imagination wants to know

RESIENT

FEATURED

                                                                                                                                                                        2024 Copyright All Right Reserved.  @markoflorentino