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Ce que l’on sait du suspect de l’attaque sur le marché de Noël de Magdebourg

by Marko Florentino
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Sur le parvis d’une église près du marché de Noël où une voiture a foncé dans la foule, vendredi soir, à Magdebourg (Allemagne), le 21 décembre 2024.

Le profil de l’homme suspecté d’avoir foncé, au volant de sa voiture, sur les visiteurs du marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, tuant au moins cinq personnes et en blessant plus de 200, se précise. Arrêté après avoir roulé dans la foule « sur au moins 400 mètres », selon la police locale, il a été mis en garde à vue puis placé en détention provisoire dans la soirée, samedi 21 décembre.

Cet homme est présenté dans les médias comme Taleb A. Il s’agit d’un médecin de 50 ans originaire d’Arabie saoudite, arrivé en 2006 en Allemagne et disposant du statut de réfugié depuis 2016. Il exerçait comme psychiatre dans le Land de Saxe-Anhalt, dont Magdebourg, à 160 kilomètres à l’ouest de Berlin, est la capitale.

Samedi, la ministre fédérale de l’intérieur, Nancy Faeser, a déclaré que « la seule chose » qu’elle était en mesure de confirmer est que l’auteur présumé est « islamophobe », au vu de ses prises de position connues. Sur ses réseaux sociaux, ses publications dressent le portrait d’un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l’islam et dénonçant les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne. La piste d’un attentat islamiste s’éloigne ainsi, même si le mobile de l’attaque reste flou.

« Pas un attentat motivé » par la religion

Interrogé sur les motivations du suspect, le procureur a déclaré, samedi lors d’une conférence de presse, que « le crime pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l’égard de la manière dont les réfugiés d’Arabie saoudite sont traités en Allemagne ». L’intéressé avait notamment dénoncé en août sur son compte X « les crimes commis par le pays contre les réfugiés saoudiens et l’obstruction de la justice, peu importe la quantité de preuves que nous leur présentons ».

Dans un entretien au média allemand Frankfurter Rundschau il y a quelques années, le suspect affirmait avoir été « menacé de mort pour apostasie de l’islam », un argument souvent invoqué par les demandeurs d’asile en Europe. En 2022, dans un entretien avec l’Agence France-Presse (AFP), il s’était présenté comme « un Saoudien athée », affirmant que les « jeunes de son pays, en particulier les femmes, ne fuient pas seulement le régime, ils fuient aussi l’islam ». « L’éducation islamique rigoureuse est la cause de tous les problèmes des musulmans, en particulier des femmes », avait-il dit.

Il avait évolué ces dernières années sur les réseaux sociaux vers un discours radical, mâtiné de complotisme, ne cachant pas ses sympathies pour les thèses de l’extrême droite contre l’immigration musulmane. En substance, il reprochait aux autorités allemandes de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour des raisons religieuses ou politiques, et de se montrer à l’inverse généreuses à l’égard de réfugiés musulmans venus du Moyen-Orient. En août dernier, il écrivait sur son compte X : « Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands ? Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l’ai pas trouvée. »

« Il s’agit d’une personne psychologiquement perturbée et excessivement prétentieuse », a déclaré à l’AFP Taha Al-Hajji, de l’Organisation eurosaoudienne pour les droits de l’homme (ESOHR), sise à Berlin. « Il ne s’agit certainement pas d’un attentat motivé » par la religion, a-t-il ajouté. Selon M. Al-Hajji, le suspect était « banni » de la diaspora saoudienne où il était pourtant connu pour son aide aux demandeurs d’asile.

« Sympathisant » de l’extrême droite

D’après des médias allemands, le suspect avait provoqué un esclandre en février 2024 dans un commissariat berlinois où il était venu protester contre une ordonnance rendue contre lui pour « abus d’appel d’urgence ».

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Un responsable du Parti social-démocrate (SPD), Dirk Wiese, a souligné auprès du quotidien Rheinische Post que le profil du suspect le désigne plutôt comme un sympathisant du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) ou du milliardaire américain Elon Musk. « Il semble que les choses soient ici différentes de ce que l’on supposait au départ », à savoir une attaque islamiste, a-t-il affirmé. La présidente du Conseil central des anciens musulmans, Mina Ahadi, le décrit ainsi comme un « psychopathe d’ultradroite conspirationniste » haïssant tous ceux qui ne partagent pas sa haine.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui s’est rendu sur les lieux de l’attaque, est lui resté prudent : « Il est important de clarifier les choses. Et que cela se fasse avec précision et exactitude (…). Nous devons connaître l’auteur, ses agissements et ses motivations et ensuite en tirer les conséquences sur le plan judiciaire », a-t-il déclaré.

L’extrême droite s’est néanmoins saisie de l’affaire. L’attaque est survenue à l’approche des élections législatives anticipées du 23 février, où la question de l’immigration jouera un rôle important, après plusieurs attentats commis ces derniers mois par des étrangers. « Quand cette folie prendra-t-elle fin ? », a écrit sur X la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20 %. Son mouvement a demandé la tenue d’une session extraordinaire du Bundestag sur la situation sécuritaire « catastrophique » du pays.

La gauche française dénonce le manque de prudence du RN

En France, l’extrême droite avait rapidement dénoncé un attentat islamiste, s’attirant des critiques à gauche. Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a ainsi écrit sur X que « la cible de l’attaque ne doit rien au hasard : l’islam radical mène une guerre à nos traditions chrétiennes, à nos identités, à notre civilisation ». La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a pour sa part dénoncé « la barbarie islamiste » qui « sème la terreur au cœur de l’Europe ». « Cet acte de guerre contre un symbole de notre civilisation soulève les cœurs », a-t-elle complété.

« Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de livrer ses préjugés dont le seul objet est de cultiver le racisme antimusulman », a réagi, sur X, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste. Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a quant à lui fustigé des « dirigeants d’extrême droite [qui] se sont jetés comme des vautours sur l’attaque de Magdebourg pour déverser leur haine antimusulmans ».

Le Monde avec AFP

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