« Je suis amoureuse, ça prend toute la place et ça me prend la tête. C’est mon meilleur ami, qui est aussi l’ex de ma meilleure amie. Pas la situation idéale ! Je crois bien qu’elle s’en doute. On se dispute beaucoup et j’ai l’impression qu’elle me fait moins confiance. Je comprends, mais j’ai ce garçon dans la tête. On est dans le même lycée mais on ne se parle qu’à l’extérieur… Au début, on rigolait et c’est devenu plus fort. Ça s’est fait tout seul. Il ne me juge jamais, essaie toujours de comprendre mon point de vue. Je ne veux pas choisir entre eux car j’ai peur de me tromper, de faire le mauvais choix et de perdre l’autre pour toujours. Mais s’il le fallait, je crois que je le choisirais lui. J’aime ce que je ressens, c’est doux, tendre, il n’y a pas de jeu de séduction entre la fille inaccessible et le garçon qui court derrière, ou l’inverse. Ça me change du quotidien qui est lourd. Le retour à la vie normale est bof et j’attends nos rendez-vous avec impatience. Ça crise avec les parents, parce que je suis moins dans mes études. Ma fin d’année est donc un peu compliquée.
Jusqu’au conseil de classe et que j’apprenne mon passage en première générale, je ne savais pas très bien où j’en étais, où aller, que choisir… Faut que j’aie mon bac, un bac. Le lycée, c’est dur, je ne supporte plus. Dans le mien, la barre est haute, la moyenne élevée. J’ai l’impression que c’est la fin du monde si tu n’as pas choisi ton orientation, si tu ne sais pas ce que tu veux faire. Heureusement, mes parents ne me mettent pas la pression. C’est souvent juste moi toute seule car je veux à tout prix bien faire. Même quand je connais mes cours, je perds mes moyens, je manque de confiance en moi. Je stresse, je pleure, c’est fatigant.
Je ne suis pas carriériste. Je veux faire ce qui me plaît et donner un sens à ma vie. Je sais que je ne pourrais pas rester derrière un bureau, par exemple, et que j’aime tout ce qui est manuel et les gens. Et aussi écouter, le contact avec les autres, les motiver…
J’ai d’ailleurs réussi à convaincre, pour un travail de groupe, ma prof de SES [sciences économiques et sociales] de nous laisser travailler, avec mes deux meilleures amies, sur le film Le Consentement [sorti en 2023, adaptation par Vanessa Filho du livre de Vanessa Springora, publié chez Grasset en 2020]. Elle craignait qu’on aborde un thème trop délicat. On lui a proposé d’analyser l’effet TikTok, qui l’a fait connaître auprès des jeunes. On était en plein dans ce qu’elle demandait : l’impact économique, politique ou social d’un sujet d’actualité. C’est un sujet super grave, qui me tenait à cœur. Je préférais ça à la COP [conférence sur le climat]. C’est bien d’en parler mais, l’année prochaine, ce sera encore la même chose, voire pire. Franchement, c’est trop décourageant.
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