Helge Lund, le président de BP depuis 2019, tire sa révérence. Le géant de l’énergie a annoncé le 4 avril que le conseil d’administration s’était mis à la recherche d’un successeur. Cette décision brutale, difficile à imaginer il y a encore quelques mois, est l’œuvre de la société américaine Elliott Management. Entré au capital de la « major » britannique le 10 février, avec 5 % des parts, le fonds piloté par le redoutable octogénaire Paul Singer a tordu le bras de la direction pour qu’elle renonce à ses ambitions dans les énergies renouvelables, et obtenu la tête de son président.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Deux semaines plus tard, le géant de l’énergie annonçait un désinvestissement majeur dans le solaire, enterrait sa stratégie climatique ambitieuse et repartait à pleins gaz dans les énergies fossiles. Au grand dam d’un groupe de 48 investisseurs, qui réclamaient à tout le moins un vote sur le sujet…
Dans la famille des fonds activistes, Elliott est l’acteur le plus réputé et le plus prolifique. Ce trublion des marchés financiers, bien connu pour ses positions contrariantes, n’est pas du genre à attendre sagement son dividende. Il met la pression sur la direction des entreprises pour effectuer des changements dans le management ou la stratégie, en vue d’accroître la performance, donc le cours de Bourse de l’entreprise.
Une réputation de vautour
Parmi les 15 « campagnes » qu’il a lancées en 2024, le gestionnaire d’actifs, qui a relocalisé son siège de New York en Floride, s’est frotté à de grands noms comme Starbucks, Match, la maison mère de Tinder, ou encore le conglomérat Honeywell, qu’il pousse à se séparer de sa division aérospatiale. Dix ans plus tôt, le fonds s’était taillé une réputation de fonds vautours après avoir mené une guérilla judiciaire très médiatisée contre l’Argentine, dont il détenait une partie de la dette souveraine.
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